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RECUL INDUSTRIEL ET SOCIAL !!

2. Recul industriel et fragilité accrue des emplois ouvriers en France par Gérard Le Puill

2. Recul industriel et fragilité accrue des emplois ouvriers en France par Gérard Le Puill

Nous avons montré dans l’article publié hier à partir des informations produites par l’INSEE  que les emplois ouvriers  qui faisaient travailler  6,9 millions de personnes dans notre pays en 1982 étaient tombés à  5,3  millions sur le territoire national en 2019. Mais  la part des emplois ouvriers directement impliqués dans la production de biens commercialisables a diminué beaucoup plus que ne le laissent supposer la différence entre ces deux chiffres.

Les ouvriers et les ouvrières d’aujourd’hui sont plus souvent des conducteurs de véhicule, des serveurs, des femmes de chambre  et des femmes de ménage que des personnes travaillant sur des chaînes de production.  Depuis l’arrivée du coronavirus, beaucoup de ces emplois ouvriers dans les services  sont menacés et vont continuer de l’être.

En France, depuis une quarantaine d’années,  les pertes d’emplois productifs dans l’industrie manufacturière sont surtout imputables aux délocalisations de productions dans les pays à bas coûts de main d’œuvre.

Des centaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières ont été licenciés durant ces décennies dans des branches industrielles. Ce fut notamment le cas dans des branches d’activités   comme le textile, l’électroménager, la téléphonie et les appareils audiovisuels,  le secteur de l’automobile et ses équipementiers.

Parallèlement, les métiers dans lesquels le nombre d’ouvriers  et d’ouvrières a augmenté quelque peu durant ces quatre dernières décennies furent surtout, selon l’INSEE, des emplois de jardiniers dans les municipalités, d’ouvriers de garage, de cuisiniers, de chauffeurs livreurs, de conducteurs de  véhicules privés, de coursiers, de caristes, de magasiniers, sans  oublier les maçons et autres travailleurs du bâtiment.

Mais, depuis quelques années,  dans ces métiers du bâtiment proposés par des grandes entreprises comme Bouygues, mais aussi par beaucoup de leurs  sous-traitants sur les chantiers, on fait appel aux travailleurs détachés. Il suffit d’écouter les conversations sur une multitude de sites pour s’en rendre compte. Les ouvriers du bâtiment viennent surtout des pays  d’Europe centrale. Car l’alignement  des charges sociales sur celles en vigueur dans le pays d’origine de ces travailleurs permet au patronat de faire des économies substantielles.

Promettre de relocaliser la production ne suffit pas 

On a parlé en haut lieu  de la nécessité de relocaliser certaines productions  en France après le manque de masques et les risques de pénuries concernant certains médicaments, suite à l’arrivée du coronavirus. Mais, tandis que des milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat sont accordés à Airbus, à Air France, aux industriels de l’automobile et à beaucoup d’autres, on  sait déjà que ces firmes vont réduire sensiblement leurs effectifs en France.

De plus, il y a lieu de s’interroger sur les conséquences des pressions que ces grands groupes vont mettre  sur les  nombreuses entreprises sous-traitantes que sont leurs équipementiers installés  sur le territoire  français. On devine qu’elles  seront mises en concurrence  sur les prix avec ceux des pays à bas coûts de main d’œuvre. Les résultats de ces pressions pourraient être désastreux  pour l’emploi sur le territoire national.

Des emplois fragilisés hors  de la production manufacturière

Quatre décennies de pertes d’emplois productifs dans l’industrie manufacturière sur le territoire national  se sont aussi traduites par de nombreuses conversions  d’hommes et de femmes dans des métiers d’ouvriers et d’ouvrières davantage impliqués dans les services  que dans la production directe de biens matériels.

Dans des activités comme la restauration, les bars, celles liées au tourisme que sont les hôtels, les campings, les locations en tous genres, le chiffre d’affaires permettant de créer puis de maintenir des emplois  dépendra  beaucoup du comportement des clients potentiels. En France,  ces métiers dont l’activité dépend du nombre de touristes  auront beaucoup moins de clients cette année que l’an dernier.

Avec quatre décennies de recul de l’emploi industriel se traduisant aussi par une multiplication d’activités nouvelles, y compris de conseils en tous genres, on a crée beaucoup d’emplois dont la survie dépend  moins  de la capacité des hommes et des femmes qui les occupent à bien travailler que de la capacité qu’auront, ou pas, les consommateurs que nous sommes  à les faire travailler, dans un contexte de recul du pouvoir d’achat et d’augmentation du chômage.

Pour le moment, des garanties financières sont programmées par le gouvernement pour sauver les firmes. Mais rien ne prouve que  les patrons agiront pour  sauver l’emploi en priorité. En revanche,  la progression attendue du chômage  va  se traduire par un déficit croissant de la Sécurité sociale. Ce sera aussi le cas  de l’UNEDIC  qui indemnise les chômeurs, ainsi que des caisses de retraite,  à commencer par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV).

Alors que la France va  bénéficier d’une aide non remboursable de 40 milliards d’euros en provenance de l’Europe, il vaudrait mieux que cette somme serve à assurer la santé des assurés sociaux, à indemniser les chômeurs et  au maintient du pouvoir d’achat des retraités plutôt que d’être utilisée pour les stratégies financières hasardeuses des grands patrons dans ce pays.

C’est peut-être  une question que les syndicats pourraient poser au gouvernement de Jean Castex avant que ces trois sujets ne deviennent de vrais « casse tête » pour les pays, avec un recul social de plus pour le peuple français.

Gérard Le Puill

 

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