2 Février 2018
Publié le 1 février 2018 par Front de Gauche de Pierre Bénite
Vous avez dans les mains votre nouveau bulletin de paie.
Sa présentation a changé et est devenue obligatoire au 1er janvier 2018. Elle est présentée comme un progrès dans sa lisibilité parce que cette nouvelle présentation ôterait des lignes.
Au-delà des modifications de forme qui vous le verrez, ne sont pas anodines. Elles s’inscrivent dans une modification en profondeur de notre système de protection sociale solidaire pour en changer la nature.
La part de vos cotisations sociales « maladie » (0.75%) et une part de votre cotisation « chômage » (1%) sont supprimées. Rappelons que ces cotisations étaient déductibles de vos impôts. Pour compenser ces pertes de recettes :
La CSG est augmentée de 1.7% et ne sera pas déductible de vos impôts. La CSG touche tous les revenus des ménages, dont les retraites, les allocations chômage, etc.
Les recettes de la sécurité sociale « maladie » ayant été réduites, legouvernement a décidé de réduire le budget des hôpitaux de 1.5 milliard d’euros cette année. Cette réduction du budget des hôpitaux sera reconduite pendant 5 ans ;
Le transfert des cotisations sociales vers un impôt prélevé à la source entraîne automatiquement un versement de cet argent vers les caisses de l’état qui en dispose à sa guise, alors que jusqu’en 2004, la sécu avait une liberté de gestion qui lui permettait de fixer ses priorités. Le déficit du budget de l’Etat devant être réduit à 3% du PIB, le gouvernement sera tenté d’utiliser cet argent pour réduire les budgets sociaux sans affecter les recettes (CSG) qu’il maîtrise intégralement désormais.
La suppression de la cotisation chômage entraînera une réduction des allocations versées et un durcissement des conditions permettant de la recevoir, faisant porter sur les personnes sans d’emploi la responsabilité de leur licenciement.
Parallèlement à ces dispositions qui vont frapper tous les salariés et particulièrement les plus précaires, des conditions drastiques sont imposées aux petites entreprises et aux associations. Elles masquent la quasi disparition des contrôles fiscaux et sociaux des grandes entreprises par les services de l’Etat à qui on enlève progressivement tous les moyens d’action.
Pour les salariés, les quelques euros gagnés immédiatement sur les fiches de paie, vont se traduire pour tous par des pertes très importantes de ce que les économistes appellent les « revenus » différés ou le salaire socialisé. C'est un hold-up honteux !
Des dépenses importantes en matériels et logiciels de traitement des paies sont imposées.
Enfin, le budget de la sécurité sociale se voit amputé chaque année de plus de 40 milliard d’euros de réductions de cotisations patronales qui ne profitent en réalité qu’aux plus grandes entreprises.
Pour conclure, vous noterez que le numéro de l’URSSAF, organisme qui est chargée de collecter vos cotisations et celles de votre employeur, n’est plus indiqué sur votre bulletin de salaire, et la rubrique « santé » regroupe autant les cotisations « maladie » que la prévoyance ou les mutuelles.Cette modification anodine en soit a été introduite pour préparer la privatisation de la sécurité sociale.
Du fait des principes qui ont guidé la création de la sécu (Obligatoire, universelle, monopole de l’institution hors marché de l’assurance lucrative) les cotisations collectées par l’URSSAF et versées actuellement à la sécu, pourront être versées à une assurance de type lucratif gérée par AXA, BNP, carrefour.
Cela serait la fin de nos régimes de protection sociale solidaires, avec comme conséquence le retour aux situations dramatiques que connaissaient nos grands-parents.
Je me devais de vous informer de ces évolutions.