14 Février 2018
Devant la colère qui monte dans les Hôpitaux et les EHPAD, le ras-le-bol grandissant que nos parlementaires recueillent dans leur « Tour de France » démarré ce 12 février, Édouard Philippe a dû annoncer le lancement prochain d'une nouvelle réforme "globale, cohérente, méthodique" de l'ensemble du système de santé.
On verra ce que l’on verra. Mais, cette fois-ci, ce sera, paraît-il, la bonne, « le temps des rafistolages est révolu. Il faut mettre de l’ordre » pour l’équipe Macron.
Quand on connaît le goût de ce gouvernement pour l’austérité, la pensée de Mme Buzyn sur les 30% de soins hospitaliers qui ne seraient pas pertinents, les 4 milliards d’euros en moins en 2018 sur le budget de la santé, dont au moins 1,6 pour l’Hôpital … le pire est à craindre quand on nous parle d’un vaste plan de « transformation de l'offre de soins et qu’il ne s’agit pas de dépenser plus mais mieux ». Un plan qui risque d’être aussi funeste quecelui de la réforme de l'action publique, « CAP 2022 » annoncée en septembre dernier.
L’enveloppe annoncée de « 100 millions d'euros par an en plus de l'ONDAM, l'objectif national des dépenses de l’assurance maladie » va grossir les entreprises du numérique. C’est une insulte aux personnels de santé maltraités par un manque criant de personnels et de moyens. La réforme du financement à l’activité (T2A) est un leurre, l’arbre cachant la forêt : une offre de soins publique peau de chagrin ! Plus grave encore, le tout ambulatoire est réaffirmé alors que chacun voit bien s’étendre, en zone rurale comme urbaine, la désertification médicale. La seule remise en cause du Numérus clausus ne saurait suffire à répondre aux maux créés, car il faut plus de dix ans pour former un généraliste et quinze pour un spécialiste. Et que dire de l’état de nos universités sélectives et sans moyens suffisants pour accueillir plus d’étudiants médicaux ou paramédicaux.
Lors de leur États généraux du progrès social, le 3 février dernier, les communistes ont invité largement à faire état des 1700 luttes, selon la CGT, qui poussent le Premier ministre à sortir du bois. Ils ont décidé de tout faire pour aider à cette convergence des luttes, mais aussi à donner les bonnes réponses à la crise que rencontrent personnels et malades. Il y a urgence à changer de logiciel, à reprendre l’argent qui depuis des décennies passe de la Sécu dans les poches du Patronat, à la financiarisation de la santé et de la protection sociale.
Il est possible et urgent de restaurer des budgets de fonctionnement des hôpitaux publics, d’effacer la dette inique, de mettre en place un vaste plan d’embauche d’emplois stables et formés, d’engager de véritables négociations avec les formations syndicales sur l’organisation et les conditions de travail.
Une tribune de Fabien Cohen, de la commission santé-protection sociale du PCF.
Luttes pour les EHPAD et luttes pour la défense des hôpitaux et maternités de proximité, sont deux facettes d’un même combat, celui de notre protection sociale. Comment répondre aux besoins exprimés par les personnels des établissements de retraites médicalisés, d’au moins un soignant/patient, si les moyens financiers ne sont pas mis à la hauteur des légitimes exigences des syndicats comme des citoyen-ne-s. Comment accéder à ces établissements, si nos retraites sont soumises au funeste projet Macron de retraite à points et notionnel. Un système qui a déjà sévit en Suède, entrainant une baisse de prés de 40% des pensions, et aucune lisibilité dans le temps. Il en est de même, en ce qui concerne les Hôpitaux, la Fédération hospitalière de France (FHF) a alerté, fin 2017, sur le niveau "dramatique et totalement inédit" du déficit 2017 des hôpitaux, qu'elle estime à 1,5 milliard €, ce qui correspond à 2% des budgets et à un triplement du déficit de 2016. Comment en serait-il autrement avec des réductions récurrentes de crédits pour les hôpitaux publics, et encore moins 1,4 milliards en 2018. Les communistes le disent depuis des années, "la ligne rouge est dépassée" et la qualité des soins est "aujourd'hui menacée".
Quant aux déserts médicaux, qu’ils soient ruraux ou urbains, le maintien d’un numérus clausus déconnecté des besoins est corrélé à une Université sélective et sans moyens suffisants pour accueillir plus d’étudiants médicaux ou paramédicaux.
Autant d’éléments qui, mis bout à bout, créent du renoncement aux soins, des inégalités sociales d’accès à la santé, un recul de l’Esperance de vie.
Cette situation n’est en rien fatale ! Elle relève depuis les années 67, de la remise en cause de la Sécurité sociale, et singulièrement avec la mise en place des ONDAM, d’une austérité pour les services publics de santé afin de plus et mieux financiariser l’assurance maladie et la santé.
Mais aujourd’hui, il nous faut sortir du constat ! Après les Etats-Généraux du Progrès Social, nous voulons aider à la convergence des centaines de luttes dans tous les territoires de France, pour proposer une alternative à cette politique de casse de notre système de protection sociale et se projeter dans celui du 21ème siècle.
Le Tour de France des Parlementaires communistes des Hôpitaux et EHPAD, à partir du 12 février prochain est une étape dans cet appel lancé le 3 février à se rassembler pour imposer d’autres choix.
Il est temps de montrer dans notre pays que l’argent existe : il faut mettre un terme aux cadeaux patronaux, aux évasions fiscales, aux inégalités salariales Femme/Homme, au chômage comme aux gâchis financiers …, qu’il existe une majorité pour sauver notre sécu.
Avec la Convergence nationale pour la défense des services publiques, nous voulons exiger « une Santé 100% Sécu », un manifeste a été élaboré, nous proposons qu’il soit rapidement mis en débat dans le pays.
Puisque « Notre Retraite est en Danger », ripostons ensemble sans attendre un projet de loi annoncé, et portons là encore, le débat partout en France sur les retraites, sur les EHPAD, sur la perte d’autonomie et les nouveaux services publics qu’il faudrait créer.
Il est temps de mettre un terme aux pointillismes des luttes en cours, et leur donner le visage d’une seule et même révolte ! Il est indispensable de faire front commun pour s’opposer à ce qui ne sont plus des coups de canifs ou de poignards dans notre système de protection sociale, mais des coups de sabre pour sa liquidation.
Qu’on ne se trompe pas, avec encore prés des deux tiers de notre Sécu financée par la cotisation sociale, ils ne sont pas encore arrivés à leur objectif. Emmanuel Macron le sait, mais il croit historiquement devenir le Président qui, avec sa large majorité présidentielle, arrivera à concrétiser ce rêve du Patronat de reprendre aux travailleurs la part des richesses produites pour leur protection de la naissance à leurs derniers jours.
Ces prochains mois verront de nombreux mouvements syndicaux et sociaux, les communistes en seront de tous, mais ils veulent mettre leurs forces au service de la convergence des luttes et de la colère pour créer une dynamique alternative politique à tous ces combats et redonner aux quatre branches de la Sécurité sociale un nouvel avenir, incluant la continuité d’emploi et de formation, pour une Protection sociale du 21ème siècle.