Chronique de José Fort dans « La Marseillaise »
Les congés payés, ça vous plait ? La retraite par répartition, ça vous convient ? Les services publics de l’enseignement, des transports, de la santé, de l’énergie vous en priveriez-vous sans piper mot ? La société solidaire à la française construite au lendemain de la Seconde guerre mondiale, si elle devait être cassée, reléguée aux oubliettes au nom de la « modernisation » et des changements « nécessaires » pour relever « le défi de la concurrence » serait-ce en fin de compte pas trop grave ?
Si vous pensez que ce « pognon dingue », selon la formule de sa majesté Macron 1er, mérite d’aller vers les actionnaires et non pour ceux qui en ont le plus besoin, passez votre chemin. Je ne vous convaincrai pas. Mais si vous hésitez et demandez à voir et à comprendre, prenez le temps de lire ces quelques mots. C’est une histoire nord-américaine. Elle nous pend au nez.
47 millions de citoyens au pays roi de la liberté d’entreprendre n’ont pas accès aux soins médicaux faute d’être détenteurs d’une assurance maladie. On peut crever en silence sauf parfois dans certains Etats ou la santé est une loterie. Formidable chance. Vous avez bien lu : une loterie dont dépendra le sort des malades.
Qui pourra être enfin traité d’un diabète, d’un problème cardiaque, de financer une chimiothérapie ? Si vous avez pioché le bon numéro, vous pourrez franchir les portes de l’hôpital, sinon vous reviendrez la semaine prochaine. Ce système de loteries pour malades en désespérance ne date pas d’hier aux Etats-Unis. En 2009 déjà, des reportages avaient été réalisés dans l’Etat de Virginie. Dans plusieurs autres villes le système a été repris « incapables que nous sommes, nous les bénévoles d’accueillir tout le monde », soupire un toubib volontaire.
En matière de santé, la première puissance mondiale se place en dernière position des pays développés et même derrière Cuba. Le mode de vie (l’obésité et les drogues) n’explique pas tout. Le système reposant pour l’essentiel sur le secteur privé, assureurs et géants pharmaceutiques enregistrent d’énormes profits alors que l’absence de couverture universelle contraint des millions de nord-américains à ne pas se soigner. La réforme Obama avait permis de réduire le pourcentage des non-assurés, il est reparti à la hausse depuis l’élection de Trump.
Faites votre choix. Conserver la sécurité sociale à la française créée par le ministre communiste Ambroise Croizat et non par un haut fonctionnaire du nom de Laroque (comme si la loi Veil était l’œuvre de son directeur de cabinet) en la modernisant et non en la rabotant. Ou s’engouffrer dans la spirale des assurances privées et autres officines d’argent à la sauce yankee. Faites vite votre choix car Macron et ses boys se feraient bien un nouveau petit plaisir