30 Juillet 2018
Parties de Suède le 15 mai dernier, les trois embarcations, chargées de matériel médical à destination du territoire occupé, ont été arraisonnées hier en début d’après-midi par la marine israélienne au large des côtes de ce pays.
«Àbord, l’espoir grandit bien que plusieurs flottilles aient déjà été arrêtées dans le passé à moins de 1 000 milles des côtes. Nous savons que nous risquons l’arraisonnement, si c’est le cas, nous serons tous arrêtés et nous ne pourrons plus communiquer avec l’extérieur. » Quand Sarah Katz, de l’Union juive française pour la paix (UJFP), confie ces quelques mots à l’Humanité.fr, hier, en fin de matinée, la Flottille de la liberté 2018 vogue encore en direction de Gaza. Deux heures plus tard, ce que craignait la jeune femme se produit : des canots de l’armée israélienne encerclent les troisbâtiments de cette pourtant paisible armada. Depuis lors, plus aucun contact n’a pu être établi avec Sarah Katz ni avec aucun des passagers de la flottille, à l’heure où nous écrivons ces lignes. « La seule chose que nous savons, c’est que les bateaux ont été arraisonnés en eaux internationales. Nous n’avons donc pas la possibilité d’envoyer quelqu’un voir ce qui se passe. Il n’y a plus de contacts avec qui que ce soit à bord », regrette une membre de la cellule d’urgence du consulat de France en Israël jointe par téléphone.
Ils étaient quatre au départ. Le Hurriyya (la liberté), le Al Awda (le retour), le Falestine (la Palestine) et le Mairead (du nom du prix Nobel de la paix nord-irlandaise Mairead Maguire, qui avait participé à une précédente flottille contre le blocus) étaient partis de Suède le 15 mai dernier avec pour objectif majeur de briser le blocus en cours depuis onze ans. Le Falestine et le Mairead avaient réussi à atteindre la Méditerranée en traversant les canaux européens mais sans pouvoir accoster sur les quais de Seine à Paris, à la suite d’une interdiction de la préfecture maritime. L’un d’eux a dû rester à quai pour des problèmes technique.
Hier, c’est donc le reste de l’expédition qui a été arrêtée par la marine israélienne, avec pour conséquence immédiate des hôpitaux et des cliniques palestiniennes qui ne seront pas réapprovisionnés. Des centaines de kilos de matériel médical devaient être acheminés à Gaza et, encore une fois, ils n’arriveront pas à bon port. La semaine dernière, Jamie McGoldrick, coordonnateur humanitaire des Nations unies pour le territoire palestinien occupé, avait fait part de son inquiétude quant à la fermeture possible d’hôpitaux de la bande Gaza en raison de l’épuisement des ravitaillements en carburant et en médicaments. « Au moins un hôpital a été forcé à fermer pendant quelques heures, et les services sont considérablement réduits dans d’autres », a-t-il précisé. « Avec des coupures de courant d’environ 20 heures par jour, si le carburant n’arrive pas immédiatement, la vie des personnes sera en jeu, avec les patients les plus vulnérables, comme les cardiaques, les dialysés et les nouveau-nés en soins intensifs », avait pris soin d’ajouter le responsable onusien.
Ce énième arraisonnement est donc le dernier épisode en date d’un pénible feuilleton commencé en 2008. Depuis cette année-là, aucun bateau n’a réussi à transpercer le blocus imposé par Israël. Pire encore, en 2010, la Flottille Free Gaza, partie de la Turquie, a été le théâtre d’une tragédie restée impunie. Les huit cargos qui transportaient près de 700 passagers, de l’aide humanitaire et des matériaux de construction destinés à la population de la bande de Gaza, ont été encerclés vers 4 h 30 du matin par la marine israélienne, à 150 kilomètres des côtes. L’arraisonnement s’est vite transformé en une intervention militaire musclée avec pour terrible bilan : 9 tués et 28 blessés parmi les militants.