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LE FIASCO DE PARCOURSUP !

Le fiasco PARCOURSUP : à quelques semaines de la rentrée, près de 180.000 bacheliers encore en attente

LE FIASCO DE PARCOURSUP !
LE FIASCO DE PARCOURSUP !

Ils ne seraient plus que 16 100 étudiants à rechercher une place pour la rentrée. Contre 90 000 il y a peu. Explications.

A deux semaines seulement de la rentrée, 16 100 candidats seraient toujours à la recherche d'une affectation, contre près de 60 000 à la même période l'an dernier. Un bond impressionnant, survenu entre le 22 et le 23 juillet dernier, lorsque le nombre de personnes en recherche d'affectation dans l'enseignement supérieur est subitement passé de près de 90 000 à 18 390. Comment en est-on arrivé à une amélioration si soudaine du dispositif Parcoursup ? 

Invitée au micro de RTL lundi matin, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal a détaillé ces chiffres. "Il y a 16 000 jeunes qui sont en recherche active et 50 000 que nous cherchons à contacter et qui pour le moment ne répondent pas à nos sollicitations." Depuis le 23 juillet, ces derniers sont donc isolés des autres dans le tableau de bord présentant, chaque jour, les statistiques de la plateforme. Cette distinction explique le bond opéré, mais elle ne permet pas de savoir qui sont exactement ces "candidats inactifs". Il ne s'agit ni des jeunes accompagnés par les commissions rectorales mises en place, ni de ceux ayant formulé de nouveaux voeux lors de l'ouverture de la procédure complémentaire le 26 juin dernier, ni encore de ceux ayant quitté la procédure. Qui sont-ils alors ? 

Vraiment inactifs ?
 

"On les considère comme inactifs puisqu'on sait que les jeunes peuvent avoir d'autres projets, s'être inscrits et ne plus être en recherche active", a tenté d'expliquer la ministre Frédérique Vidal à l'antenne de RTL. Mais pour Guillaume Ouattara, étudiant-ingénieur à l'UTC de Compiègne, qui a décrypté l'algorithme de la plateforme, cette division entre candidats actifs et inactifs ne tient pas. "Pour être considéré comme actif, il faut avoir formulé des voeux lors de la procédure complémentaire ou avoir pris contact avec la commission rectorale. Or, certains ne savent même pas qu'ils peuvent contacter leur rectorat. Ou n'ont pas non plus trouvé de formations qui leur convenaient en procédure complémentaire. Pourtant, ils se connectent chaque jour pour voir si la situation a évolué." 

Frédérique Vidal et Jérôme Teillard, chef du projet Parcoursup au ministère, assurent les avoir contactés, en vain. "Chaque année, nous connaissons cette déperdition. Nous demandons aux élèves de se manifester s'ils cherchent réellement une place dans l'enseignement supérieur. Nous leur avons envoyé différents messages sur la plateforme", insiste le ministère. Mais Guillaume Ouattara en doute. "Les élèves avec qui j'échange n'ont pas tous reçu de coup de fil ou de message." Quant aux relances restées lettres mortes qu'évoque la ministre ? "Difficile de croire que 50 000 candidats peuvent cesser de répondre du jour au lendemain, sans explication." Selon le jeune ingénieur, "il y a bien 66 000 étudiants en attente, et non 16 000 comme le dit le ministère". Il soupçonne la mise en place de ces nouvelles catégories pour, en apparence, diminuer le nombre de candidats toujours sans affectation. En somme, plutôt que de faire baisser la fièvre, l'exécutif aurait choisi de casser le thermomètre. Ce que le ministère assume auprès de L'Express : il ne s'agit pas selon lui d'une manipulation mais d'une volonté de se montrer "transparent". 

Un choix par dépit
 

Si les chiffres semblent donc bien plus proches de ceux de l'an dernier, une différence persiste cependant. Mais celle-ci n'est pas quantifiable : il s'agit du ressenti des jeunes, bien plus frustrés qu'au temps de l'ex-dispositif APB, si l'on en croit certains témoignages. "Avant, la procédure se faisait en trois phases distinctes. Dès le 19 juillet, les candidats étaient fixés sur leur sort grâce à la hiérarchisation des voeux, rappelle Guillaume Ouattara. Mais, puisque aujourd'hui cette hiérarchie n'existe plus, c'est aux candidats eux-mêmes de prendre la responsabilité d'attendre ou de trouver une autre formation." 

Dans le doute, certains s'accrochent à des places, pour ne pas passer à côté d'une meilleure opportunité, créant ainsi des embouteillages de moins en moins résorbable à mesure qu'approche la rentrée. D'autres fois, ils cèdent, comme David, toujours en attente d'une réponse des écoles qu'il espérait intégrer. Il a décidé de postuler ailleurs, par dépit. "J'ai une réponse positive, dans la mesure où j'ai émis un nouveau voeu, en procédure complémentaire, dans un établissement où il restait de la place. Mais ce n'est pas dans la filière que j'avais initialement demandée." Angoissé à l'idée de ne pas disposer d'un logement à la rentrée, le jeune homme a déjà signé le bail d'un appartement proche de l'établissement qu'il intègrera dans quelques jours.  

Des voeux disparus

David pense abandonner ses autres voeux, en attente, sur la plateforme. Une initiative qui ne tient plus qu'à lui, contrairement au cas de Louis Boyard, président de l'Union national lycéenne, dont tous les souhaits d'orientation ont disparu la semaine dernière. Une surprise pour le jeune bachelier. "J'étais à un séminaire international, avec d'autres syndicats, organisé dans un camping en Italie. Il y a eu une tempête, donc il n'y avait plus d'électricité pendant trois jours", raconte-t-il. "Lorsque j'ai rallumé mon téléphone, tous mes voeux avaient été annulés car je n'avais pas répondu à temps à une proposition [le délai pour répondre est désormais de deux jours, ndlr]. Considéré comme inactif, on m'avait purement et simplement exclu de la plateforme." 

La situation s'arrange finalement, "grâce à mon père, qui a appelé à ma place puisque le numéro vert est injoignable depuis l'étranger". Mais la colère est toujours là. "Il n'est possible de demander à être réintégré que dans les cinq jours, et une seule fois. Je le sais, parce que j'ai été conseillé sur Twitter, mais rien ne m'indiquait sur le site que c'était possible." En prime, le père de Louis s'est vu sermonné par son interlocutrice car, lui a-t-on expliqué, "c'est irresponsable de laisser partir son fils à l'étranger pendant la procédure". "C'est une façon de culpabiliser les jeunes, de les tenir responsable de leur éviction. Mais aussi de libérer dix places d'un coup, si l'exclusion est effective, chaque candidat ayant droit à dix voeux." 

Pour ce syndicaliste originaire de banlieue, qui aimerait intégrer une faculté parisienne, "dire qu'il y a 50 000 lycéens inactifs est mensonger". Le risque, selon lui, si rien n'est fait : "Se retrouver avec des dizaines de milliers de jeunes qui vont purement et simplement commencer à chercher du travail." Il ne croit pas si bien dire. 

De plus en plus de candidats, las d'attendre qu'une place se libère, ont baissé les bras. C'est le cas de Nathan, 4e et 9e sur liste d'attente pour une place en BTS audiovisuel. Et 196e pour 14 places en BTS photographie. Contrairement à ce qu'affirme le ministère, qui dit relancer les élèves en rade, Nathan explique n'avoir eu aucune nouvelle de la commission rectorale depuis début juillet. "C'est plutôt moi qui les relance, mais je me prends des vents", souffle-t-il. La procédure complémentaire ne lui réussit pas non plus. "Les formations ne sont pas ouvertes aux candidats avec mon profil, à savoir un bac pro."  

Résigné, et sans autre possibilité, Nathan multiplie les envois de CV pour travailler dans les grandes surfaces et les fast-foods du coin. Et rejoindre, à défaut de n'avoir pu intégrer le corps étudiant, une toute autre catégorie d'actifs à la rentrée. Ou d'inactifs... 

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