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AGRICULTURE ; RIEN NE VA PLUS !

Photo Mychèle Daniau.

VERS UNE AGGRAVATION DURABLE DE LA SITUATION DES PAYSANS
Mardi, 23 Octobre, 2018
Hier, alors que le nouveau ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, consacrait sa journée à recevoir les premiers responsables des différents syndicats paysans, il suffisait de feuilleter quelques hebdomadaires agricoles de différentes régions de France pour se rendre compte de la situation difficile que le monde paysans risque de subir au moins jusqu’au milieu du printemps 2019, voire au-delà.
On relève dans ces journaux de plus en plus de témoignages sur l’augmentation durable des coûts de production, notamment dans l’élevage alors que la loi Alimentation (dite Egalim) vient d’être votée, mais risque d’être inapplicable concernant leur prise en compte dans la formation des prix, trahissant ainsi l’engagement prix par Emmanuel Macron voilà un an à Rungis.
Interrogé par le « Jura Agricole » du 19 octobre, Michel Joux, responsable FRSEA en Rhône-Alpes-Auvergne, fait le constat suivant : « Deux éléments ne sont pas dans la loi et c’est vraiment dommage. D’abord, le fait que pour les acheteurs de produits agricoles de ne pas être contraints de faire référence aux indicateurs de coûts de production. C’est un manque important de construction du prix. Ensuite, l’absence d’obligation pour les acteurs économiques de chaque filière de se mettre autour de la table pour déterminer l juste répartition de la valeur. Il sera donc difficile d’avoir des accords de filières ambitieux et de forcer la main à un acteur récalcitrant (…) si un seul opérateur ne souhaite pas construire, on risque d’être dans le statu quo, dans un rapport de force non équilibré». A sa manière, ce syndicaliste paysan confirme ce que nous écrivons depuis des semaines à propos de cette loi Egalim.
Pendant ce temps là les coûts de production augmentent dans les fermes et les prix restent scandaleusement bas. « La Moselle Agricole » du 19 octobre indique que les éleveurs lorrains se sont adressés aux coopératives en vue d’acheter de la pulpe de betterave sur-pressée. La production de sucre de betterave et d’éthanol venant de démarrer pour plusieurs mois, il s’agit pour les éleveurs d’acheter un coproduit valorisable dans la nourriture du bétail. Mais il coûte 43,60 € la tonne tandis qu’un produit plus élaboré appelé Mixalia contenant aussi de la luzerne et du son en plus de cette pulpe coûte actuellement 85€ la tonne.
 
Céréales en hausse cours du porc en baisse
Pendant que le coût de l’alimentation du bétail augmente faute de fourrage du fait de la sécheresse qui dure désormais depuis quatre mois dans les principales régions d’élevage, les prix du lait et de la viande restent stables quand ils ne sont pas en baisse. Le prix du kilo de carcasse de porc est tombé à 1,19€ soit une chute de plus de 10 centimes par kilo ces dernières semaines. Le prix du lait tourne autour de 320€ les 1.000 litres et le prix moyen des veaux laitier de huit jours destinés à l’engraissement est de 90€ contre 100€ l’an dernier à la même époque. Le prix des agneaux de boucherie est tombé à 2,90€ le kilo de carcasse à la mi-octobre contre 3,20€ au mois d’août. Si le prix de bovins de boucherie est légèrement plus élevé que l’an dernier à pareille époque, les éleveurs redoutent d’être obligés de vendre plus de bêtes que prévu faute de pouvoir les nourrir cet hiver. Par effet d’aubaine, cela conduira les opérateurs de l’aval à jouer la baise des cours dès que l’offre conjoncturelle dépassera la demande.
Certes, les céréaliers s’en sortent mieux cette année dans la mesure où la tonne de blé vaut aujourd’hui 200€ rendu au port de Rouen contre 155€ l’an dernière à la même époque. Mais les rendements sont en baisse de 8% par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Enfin, du fait de la sécheresse qui se prolonge, beaucoup de semis de colza n’ont pas correctement levé cet automne. Parallèlement, semer de l’orge et du blé d’hiver demeure risqué tant que le sol n’est pas suffisamment humidifié pour faire germer le grain. Du coup, les semis ont pris du retard et les spécialistes estiment qu’en temps normal un semi réalisé au début du mois d’octobre se traduit l’été suivant par un rendement céréalier supérieur de 10% celui d’u semi effectué au début du mois de décembre. Mais 2018 est une année anormale et la sécheresse qui se prolonge en cette fin du mois d’octobre compromet pour une part les rendements d’orge d’hiver et de blé de l’été 2019.
 
Manifestation demain à Strasbourg
Hier, aucun syndicat agricole n’a publié de communiqué, suite à sa rencontre avec Didier Guillaume , nouveau ministre de l’Agriculture. Sans doute veulent-ils lui laisser le temps de s’installer. Demain cependant, plusieurs syndicats européens dont la FNSEA et Jeunes Agriculteurs manifesteront à partir de 11 heures devant le Parlement Européen à Strasbourg pour dénoncer « les pratiques commerciales déloyales et leurs conséquences préjudiciables qui se perpétuent depuis trop longtemps en Europe ». Ils demandent aux parlementaires de voter contre ces injustices lors de la séance plénière du 25 octobre.
Il semble donc que tous les paysans d’Europe souffrent peu ou prou d’une conjoncture difficile. Il reste que les prix allemands pour le porc sont nettement plus élevés que les prix français tandis que des aides gouvernementales ont été débloquées dès la fin de l’été outre Rhin pour aider les paysans. En France, la politique du gouvernement fut de voter une loi sur la formation des prix. Tout en prenant soin, « en même temps », de la rendre inapplicable! 
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