28 Octobre 2018
Le rapport de Proxinvest sur la rémunération des dirigeants en 2017 observe une augmentation de 10% de la rémunération totale des Présidents exécutifs du SBF 120 dont la moyenne atteint le montant record de 3,8M€.
La rémunération moyenne totale des Présidents exécutifs du CAC 40 atteint même 5,1 M€, en hausse de 14%, ce qui excède désormais la rémunération maximale socialement acceptable définie à 240 SMIC par Proxinvest (4,87M€). Cette rémunération plafond souhaitée par Proxinvest est désormais dépassée par 29 Présidents exécutifs du SBF 120 contre 23 en 2016.
Pour mémoire, le rapport Proxinvest valorise l’ensemble des formes de rémunération des dirigeants attribué au titre de l’exercice 2017 (fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance valorisées à leur date d’attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération).
Toutes les composantes de la rémunération sont touchées par cette générosité des conseils d’administration pour leur dirigeant : +3% pour les rémunérations fixes du SBF 120, +6% pour les rémunérations variables annuelles, +6% pour les actions gratuites de performance. Les deux-tiers de la rémunération des présidents du SBF 120 restent malheureusement de court-terme.
L’étude de Proxinvest conclue à une absence de justification de l’ampleur des hausses de 14% en 2017 et de 22% sur la période 2013-2017 pour le CAC 40, tant vis-à-vis de la surperformance actionnariale créée pour les actionnaires que vis-à-vis de l’évolution de la rémunération moyenne de leurs propres salariés.
Le Directeur Général de Dassault Systèmes, Bernard Charlès prend la tête de notre classement avec une rémunération totale de 24,6 M€ (15,8 M€ selon la société), grâce à une très généreuse attribution gratuite d’actions de performance.
Deuxième du classement, Gilles Gobin, fondateur de Rubis, aura surtout bénéficié de la quote-part d’un dividende d’associé commandité égal à 3% de la hausse de la capitalisation boursière sur l’année qui, ajoutée à la rémunération déclarée par la société de 2,4 M€, fait grimper le coût total à 21,1 M€ selon Proxinvest qui a réclamé à la société une modification statutaire des modalités de calcul.
Troisième du classement, Carlos Ghosn, Président Directeur Général de Renault et Président de Nissan. Suite au rejet enregistré en 2016, le conseil a légèrement baissé sa rémunération, qui s’élève tout de même à 13 M€ pour 2017, dont une rémunération équivalente à 5,6 M€ chez Nissan qui baisse peu malgré la fin de ses fonctions exécutives. Le niveau d’exigence des critères de performance retenus par le conseil d’administration (ROE, Free Cash Flow) pour la rémunération variable annuelle apparaît incroyablement faible.
Paulo Cesar Salles Vasques, Directeur Général jusqu’en octobre 2017 de Teleperformance, a bénéficié d’un package de départ de 9 M€ et voit sa rémunération totale 2017 (pour seulement 10,5 mois en fonctions) s’élever à 12,2 M€.
Douglas Pferdehirt, Directeur Général de TechnipFMC, arrive en cinquième place du classement avec une rémunération totale qui s’élève à 10,6 M€ et a augmenté de 88% post-fusion. Cette hausse post-fusion, tout comme celle du Président exécutif, ancien PDG de Technip, Thierry Pilenko, est totalement inadmissible dans un contexte d’année plutôt décevante (le cours a baissé de 23,8%, la société présente désormais une perte nette part du groupe de 65,3 M$ tandis qu’elle affichait un RNPG de 311,3 M$ en 2016 et le cash-flow opérationnel a baissé de 83%). Il s’est notamment vu attribuer des instruments de rémunération (options et actions gratuites) assortis d’aucune condition de performance, mauvaise pratique usuelle aux Etats-Unis mais non conforme au code AFEP-MEDEF.
Pour la première année, Proxinvest présente un baromètre permettant de classer les sociétés du SBF 120 selon leur performance sur la base de la création de valeur actionnariale (TSR = Cours + dividendes) et de l’évolution d’indicateurs de performance financière (chiffre d’affaires, résultat opérationnel, bénéfice par action et génération de cash-flow opérationnel). Réalisée sur la période 2014-2017, cette analyse constate une absence de corrélation entre évolution des rémunérations et performances. Onze sociétés auront même vu la rémunération de leur dirigeant augmenter de plus de 10% sur la période alors qu’elles se situent dans le quartile des performances les plus faibles.
La hausse de rémunération des Présidents exécutifs des grandes sociétés cotées françaises n’est pas de nature à réconcilier les français avec l’entreprise tel que le prône la Loi PACTE. L’obligation de communication de l’évolution comparée sur cinq ans des écarts de rémunération entre dirigeants et salariés devrait créer un nouveau référentiel intra-groupe moins inflationniste à condition que les périmètres retenus soient pertinents (Effectifs équivalents temps plein France et Monde).
Comme l’illustre l’interdiction par le code AFEP-MEDEF du versement d’indemnité de non-concurrence au moment du départ du dirigeant à la retraite suite à la polémique qui conduisit George Plassat à renoncer justement à 4 M€ d’indemnités en juin 2018, l’auto-régulation française sur les conditions de départ des dirigeants arrive toujours trop tardivement pour éviter le scandale.
Proxinvest propose donc dès maintenant que le code AFEP-MEDEF soit modifié afin que les indemnités de départ des dirigeants ne puissent plus être plus généreuses que la grille des indemnités prud’homales applicables aux salariés et limitées à un maximum d’une année de rémunération (contre deux ans dans la version actuelle du code).
Par ailleurs Proxinvest attend que le code AFEP-MEDEF importe la notion de prorata temporis afin que les rémunérations variables à attribuer lors des départs (variable, options, actions) soient liées à la contribution effective du dirigeant et au temps passé dans l’entreprise.