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GILETS JAUNES : VERS UN MOUVEMENT 5 ETOILES A L'ITALIENNE ?

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Pour de nombreuses et de nombreux citoyens la contestation exprimée par les "gilets jaunes" est comprise voire soutenue. Elle leur est sympathique.

C'est le ras le bol d'une politique d'austérité qui n'en finit plus, injustifiée et injuste car les plus pauvres paient toujours et ce sont toujours les mêmes qui encaissent avec de multiples cadeaux faites aux riches et au patronat. Rien que pour l'année 2019, le ministre Darmanin annonce le total de l'addition à 140 milliards.

Les taxes sur les carburants que le gouvernement veut augmenter dès le 1er janvier 2019 pour combler les trous qu'il fait avec ses cadeaux au patronat et aux riches ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Il a suffit que deux ou trois internautes un peu plus à l'écoute, appelle à agir pour que la toile s'embrase autour d'une pétition qui a rapidement recueilli plus de 800 000 signataires. Le 17 novembre fut la date fixée. Aussitôt les médias d'ordinaire peu prolixes sur les luttes, s'en sont emparé provoquant débat, expressions de colère, et générant l'envie d'agir seul et avec d'autres.

Au passage l'extrême droite qui a du mal à rebondir après les déboires de Marine Le Pen et les divisions au sein de son parti, a tenté de récupérer le mouvement naissant jusqu'à afficher le mot d'ordre scandaleux "Non aux taxes et non aux cotisations sociales" rendant le pouvoir Macron et le patronat heureux d'une telle aubaine qui depuis trois semaines le laissent filer

Le 17 novembre a eu lieu, tout le monde s'attendait à une déferlante avec des masses de manifestants, des centaines de blocages de route et d'autoroutes, des milliers de flics mobilisés, au final ce sont quelques 280 000 personnes qui ont agi concrètement sur tout le territoire national, bien loin des grandes manifestations contre la casse du code du travail de Macron ou contre sa réforme ferroviaire qui elles n'ont pas eu droit au même traitement médiatique !.

La mobilisation de samedi est un succès à ne pas minimiser mais cela est limité au regard des attentes et aux espoirs de beaucoup. Certainement que cela est du à la peur (on ne sait pas où on va comme en ont témoigné des gens), à la faiblesse du contenu car au delà de la dénonciation juste de cette austérité imposée par le gouvernement avec ses surtaxes et la question de l'écologie, aucune exigence claire n'est apparue exceptées celles mises en avant pas la CGT et les communistes portées notamment par Ian Brossat leur tête de liste aux européennes.

Enfin, l'absence totale d'organisation a causé un préjudice à ce coup de colère légitime qui dès le lendemain peut s'éteindre comme un feu de paille et laisser dans les bouches un goût amer de cendres indigestes qui peuvent renforcer la résignation, alors qu'il faudrait au contraire donner des suites en s'appuyant sur les syndicats et les partis politiques pour avoir des interlocuteurs exigeant du pouvoir des négociations immédiates pour trouver d'autres réponses que celles des surtaxes punitives à la question du réchauffement climatique ou à celle du pouvoir d'achat avec une revalorisation immédiate de l'ensemble des salaires et des pensions..

Le ras le bol des français est si profond que ce genre de mouvement peut réapparaitre bien que dépourvu de leader et d’organisation, mais ce mouvement pourra aussi favoriser l'émergence d'une forme de Mouvement Cinq Etoiles à la française, piloté en sous-main par l'extrême droite qui très vite donnera des réponses très libérales au mouvement pour mieux le dévoyer ou le faire mourir.

Le manque d'organisation n'a pas permis aussi de créer les conditions de sécurité des personnes mobilisées et certains des slogans étaient plus poujadistes ou libéraux. 

Ainsi, la mèche serait allumée – même si personne ne peut encore le certifier – : une sexagénaire a été tuée et 400 personnes ont été blessées dont 14 grièvement. Le drame mortel a eu lieu au Pont-de Beauvoisin, en Savoie. Une automobiliste a voulu contourner le barrage. Prise de panique quand les manifestants se sont mis à taper sur sa voiture, la conductrice a foncé sur eux et le véhicule a percuté une femme de 63 ans, décédée peu après. Aucun gendarme n’était présent.

Si un sondage réalisé quelques jours avant le 17 novembre expliquait que près de deux tiers des Français se sentaient proches du mouvement des « gilets jaunes », quand le jour de colère est venu, la solidarité n’a pas toujours tenu. Certes, de nombreux rassemblements sont restés bon enfant, comme dans les Landes où la fermeture de plusieurs grandes surfaces désertées en raison des blocages, a été célébrée comme il se doit à l’heure du déjeuner entre nouveaux copains de lutte. A Paris, lieu de tous les dangers, la préfecture de police a précisé n’avoir recensé ni blessé, ni dégradation importante. Mais dans beaucoup d’autres endroits, des conducteurs exaspérés ont forcé les barrages. A Lannion (Côtes-d’Armor), un automobiliste a quitté sa voiture, en brandissant une machette. D'autres impatients dans l’Hérault, à la Réunion ou à Firminy ont forcé les barrages, causant des blessés, menacés ou brandi des armes de poing.

Dans le Nord, on compte plusieurs blessés. A Hazebrouck, le conducteur d’un fourgon a accéléré à un barrage filtrant, renversant deux personnes. En Alsace, un motard de la police a été percuté par une voiture. Il est grièvement blessé. Et des manifestants ont aussi joué aux caïds, ne laissant passer les automobilistes que s’ils acceptaient de crier « Macron démission» ou s’ils présentaient, le précieux sésame, leur gilet jaune. Sinon, ils devaient prendre leur mal en patience.

Le pouvoir qui continue à ne pas vouloir écouter et à affirmer qu'il ne changera rien, est en accusation comme Emmanuel Macron qui n’a rien fait, bien au contraire, pour remettre les partis traditionnels dans le jeu politique, car s’accommodant parfaitement de cette fausse démocratie directe avec lui qui fait largement fi des représentations sociales et parlementaires.

C'est un jeu très dangereux plein de naïveté et d'inexpérience politique qui consiste à s’asseoir sur les corps intermédiaires pour ensuite leur reprocher de ne pas canaliser la colère qui gronde dans le pays. Lors de son interview depuis le Charles-de-Gaulle, Macron a parlé du «divorce démocratique» entre les Français et leurs dirigeants, et même reconnu qu’il avait échoué à retisser ce lien mais ne fait rien avec son équipe pour changer les choses, pire ils annoncent qu'ils continuent et font un doigt d'honneur aux manifestants de samedi.

Le Président des députés "En Marche" (les macronistes) osent justifier leur politique en affirmant qu'ils sont obligés de corriger les dégâts de leurs prédécesseurs, sans la moindre responsabilité personnelle. Quel culot d'affirmer de tels mensonges alors qu'ils étaient au pouvoir ces 15 dernières années, qu'ils font la même politique avec la même logique, pire depuis l'élection de Macron ils l'aggravent. Ceci expliquant l'effondrement de Macron dans les sondages et les colères actuelles.

Faute d’une réponse globale du gouvernement à des dégâts sociaux que la suppression de l’ISF ou les surtaxes des carburants rendent d’autant moins supportables, peut conduire les coups de colère du peuple à du "populisme dangereux". N'est ce pas le calcul irresponsable que fait Macron pour tenter de contenir l'idée du besoin d'une réelle politique alternative s'en prenant aux pouvoirs de la finance, du patronat et des multinationales ?

Le danger c’est de savoir de quel côté va pencher la colère exprimée par les "gilets jaunes". Elle peut devenir poujadiste anti-étatiste à la manière du "Mouvement Cinq Etoiles en Italie" ou rencontrer l'investissement des forces politiques, syndicales et associatives porteuses d'une vision de la transformation sociale et écologique de la société, remettant en cause le capitalisme financiarisé et mondialisé pour lequel roule Macron et qui est au coeur de la crise.

C'est tout le travail des forces actives comme la CGT et le Parti Communiste qui ne veulent ni récupérer, ni instrumentaliser ces coups de colère, mais prennent très au sérieux la question de la transition énergétique pour y apporter des réponses politiques pertinentes, possibles à mettre en oeuvre rapidement leur permettant de faire la jonction avec la question sociale notamment la revalorisation des salaires, une fiscalité nationale et locale plus juste, des investissements lourds dans des transports alternatifs écologiques comme le train pour les personnes comme pour le fret, la rénovation des bâtiments pour les rendre peu coûteux, dignes et écologiques, cela va jusqu'au rôle fondamental des services publics et de leur financement afin que les missions qu'ils rendent aux citoyens soient de qualité et en phase avec les besoins des citoyens. 

Tels sont le défis posés aux forces politiques organisées notamment de gauche.

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