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LREM ET LR CONTRE LES GILETS JAUNES !

Droite macroniste et droite LR unies contre le mouvement social...

Droite macroniste et droite LR unies contre le mouvement social...

La loi restreignant la liberté de manifester, déposée par la droite au Sénat et approuvée par la droite macroniste à l’Assemblée, devrait être adoptée définitivement demain, au Sénat. Cinquante organisations alertent contre un texte liberticide.

Dans le contexte des gilets jaunes, il fallait délivrer un texte « rapidement » pour « rétablir l’ordre public ». Voilà le principal argument avancé par Bruno Retailleau, patron du groupe « Les Républicains » au Sénat, pour justifier que celui-ci vote la loi dite anticasseurs, demain, au Palais du Luxembourg. Les sénateurs LR et leurs homologues centristes n’apporteront pas la moindre modification au texte adopté par la droite macroniste de l’Assemblée. Avec une conséquence de taille : cette proposition de loi liberticide sera alors définitivement adoptée par le Parlement.

Pour rappel, cette loi visant « à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations », écrite et déposée par la droite sénatoriale et approuvée par Macron et le gouvernement, confère aux préfets le pouvoir d’interdire à une personne de manifester. Toute dissimulation volontaire du visage dans un défilé sera passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Un « joli coup », s’est empressé d’applaudir le magazine Valeurs actuelles.

En refusant de revenir sur les modifications faites à l’Assemblée, Bruno Retailleau a pris de court la droite macronienne, qui comptait sur le passage en deuxième lecture à l’Assemblée pour modifier ce texte, une fois que la résistance des gilets jaunes aurait perdu de sa vigueur. Cinquante députés LaREM s’étaient abstenus – un record –, lors de l’examen en première lecture et pensaient avoir suffisamment marqué les esprits pour inverser le rapport de forces au sein du groupe Macroniste. « Ce vote est un signal en vue de la deuxième lecture », avait même prévenu Sonia Krimi, députée LaREM de la Manche, sûre de son fait.

Les députés LaRem ont durci le texte du sénateur LR Bruno Retailleau

À ces petits jeux politiciens, il semble que les vieux briscards de la droite sénatoriale aient donné une leçon aux députés macronistes… sur le dos des libertés publiques. Car, au-delà des chicaneries parlementaires, ce rebondissement constitue, d’un strict point de vue factuel, une alliance de la droite macroniste et de la droite LR pour attaquer le mouvement social et les libertés publiques

Loin d’être anecdotique, ce vote témoigne, au fond, d’une réelle communion d’idées sur la nécessité de conjuguer libéralisme économique et autoritarisme politique.

Notons, à ce sujet, que cette proposition de loi, promue par Bruno Retailleau, a été durcie par les députés marcheurs, qui ont étendu la période pendant laquelle le préfet pouvait bannir de manifestations un individu (jusqu’à un mois). C’est ainsi qu’une « loi de circonstance », « anti-gilets jaunes », vouée aux gémonies par Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme, mais aussi par Jean-Pierre Mignard et François Sureau, deux avocats proches d’Emmanuel Macron, va devenir une loi générale, intemporelle, gravée dans le marbre du Code pénal.

« Soumettre les participants et les participantes à une manifestation à une fouille systématique, confier aux préfets le pouvoir d’interdire à une personne de manifester, y compris sans qu’elle ait connaissance de l’interdiction prononcée et donc sans recours effectif possible, faire d’un visage en partie couvert un délit, voici l’esprit et la lettre de mesures qui sont autant d’empêchements à l’exercice d’un droit essentiel en démocratie : celui de manifester publiquement, collectivement et pacifiquement son opinion. » Telle est l’alerte lancée jeudi par 53 organisations (dont Amnesty International, Attac, la CGT, FSU, Unsa, l’Unef, le Syndicat des avocats de France, le Syndicat de la magistrature, FNE, LDH…) pour appeler « solennellement » le gouvernement et le Parlement « à abandonner ces mesures qui violent les principes les plus fondamentaux de l’État de droit ».

Si la droite sénatoriale, après avoir tenu son rôle de contre-pouvoir dans l’affaire Benalla, maintient sa position demain dans l’Hémicycle, il reviendra au Conseil constitutionnel de juger s’il s’agit d’une loi « anticasseurs » ou « antimanifestants ». « Il est archiprobable qu’elle va nous être déférée », a déclaré son président, Laurent Fabius. Lequel devra en discuter, désormais, avec Alain Juppé, promu à la juridiction suprême. Un homme de droite nommé par le pouvoir macroniste et qui avait appelé les gilets jaunes à « cesser les manifestations » dans sa ville de Bordeaux, où il avait dénoncé les « vandales », « voleurs » et « pillards » lors de l’acte IV du mouvement. ■

 

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