15 Novembre 2019
Lyon, Lille, Paris mais aussi Toulouse ou Bordeaux : dans plusieurs villes, ce sont des milliers d’étudiants qui se sont mobilisés suite à l’annonce de l’immolation d’un étudiant vendredi dernier devant un bâtiment du CROUS à Lyon. Pris dans des difficultés financières, privé de bourse, cet étudiant souhaitait par ce geste dramatique protester contre les conditions qui sont réservées à des millions d’étudiants.
La mobilisation ne s’est cependant pas arrêtée à ces rassemblements. Après la manifestation dans la ville, à Lyon, les 1200 personnes présentes se sont rassemblées en Assemblée Générale et ont voté le blocus de l’université ce mercredi matin. A Lille, une tentative de blocage spontanée a eu lieu et François Hollande, largement responsable de la situation de précarité que connaissent les jeunes aujourd’hui, a dû annuler la conférence qu’il devait donner. A Paris, une manifestation spontanée a eu lieu après le rassemblement et les étudiants ont enfoncé les grilles du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Le gouvernement a immédiatement tenté d’instrumentaliser ces débordements pour tenter de salir la mobilisation des étudiants, incriminant les syndicats étudiants et les militants du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), à l’image de cette déclaration de Gabriel Attal : « Je comprends parfaitement l’émotion qu’il peut y avoir chez les étudiants, chez les Français d’une manière générale, c’est une situation je crois qui nous émeut tous. Et puis il y a des syndicats étudiants, syndicats d’extrême gauche, le Nouveau parti anticapitaliste, qui ont mené des actions hier qui ont parfois été violentes. Moi je veux dire que la violence ne peut pas être une solution ».
La porte-parole du gouvernement, Sibeth N’Diaye, a quant à elle affirmé –sans rire- que « le gouvernement a évidemment pris à bras le corps le sujet de la précarité étudiante et de l’accompagnement à la réussite des études de l’ensemble des étudiants », insistant sur la hausse des bourses étudiantes de… 1,1% pour l’année prochaine, c’est-à-dire un taux inférieur à l’inflation. Une forme de mépris de la part du gouvernement qui n’a eu de cesse de s’attaquer aux conditions de vie et d’étude des étudiants : baisse des APL, moyens universitaires largement insuffisants… sans compter toutes les réformes visant à précariser le travail, quand un étudiant sur deux est obligé de travailleur pour se nourrir. Dernière réforme en date : les retraites, dans le cadre de laquelle le gouvernement vise en premier lieu les étudiants puisque celle-ci pourrait n’entrer en vigueur que pour notre génération, avec la « clause grand-père ».
C’est pour toutes ces raisons que les jeunes doivent se mobiliser. La solution face à la précarité et la menace de l’avenir qu’on nous prépare ne passera pas par des solutions individuelles mais par la mobilisation collective. Dans la période actuelle, à quelques semaines du 5 décembre, le gouvernement craint plus que tout un réveil de la jeunesse qui pourrait créer, aux côtés des travailleurs de la RATP et de la SNCF qui prévoient une grève reconductible, un mouvement explosif.
Pour tenter de déminer la situation, le gouvernement a annoncé recevoir demain des « organisations de jeunesse ». Dans un contexte où un grand mouvement d’ensemble est possible, et face à un gouvernement qui n’a de cesse d’attaquer les droits de la majorité de la population, le dialogue est un outil de canalisation pour tenter d’empêcher la mobilisation. Pas question de négocier avec un gouvernement qui a pour seul agenda la réduction de nos droits et de nos acquis sociaux !
Les organisations de jeunesse, si elles prétendent défendre les droits des étudiants, doivent refuser la mascarade du dialogue et construire le mouvement sur les différentes universités au travers d’Assemblées Générales massives pour rejoindre le mouvement qui se dessine contre les retraites à partir du 5 décembre. C’est le moment de faire plier Macron pour que Anas soit le dernier que la précarité tue.