18 Août 2020
Au moment même où le classement de Shanghai des universités tombe et qu'apparaissent au grand jour les inégalités de salaires entre les professeurs enseignant dans les universités françaises et leurs collègues étrangers, le journal Les Echos révèlent que le coût de la vie étudiante augmente de 3,69 % cette année, selon les calculs de l'UNEF*. Principal poste de dépenses, les prix des logements sont en forte progression. Les étudiants souffrent aussi d'une baisse de leurs ressources du fait de la crise sanitaire. Remédier à cette situation serait aussi un élément qui contribuerait à la réussite universitaire des étudiants, revalorisant les universités françaises et leur permettant d'accéder à un autre classement dans Shanghai.
Affectés financièrement par la crise du coronavirus, les étudiants vont devoir affronter une rentrée très coûteuse voire insupportable pour nombre d'entre eux.
Dans son étude, le syndicat Unef chiffre à 3,69 % la hausse du coût de la vie pour les étudiants en 2020, alors que l'inflation est tombée à 0,8 % sur un an en juillet. La Fage, aussi fédération étudiante, estime le coût moyen pour un étudiant en licence à 2.361 euros, soit 76 euros de plus qu'en 2019. En Ile-de-France, le chiffre s'établit à 2.546 euros, soit une hausse de 2,5 %. En région, la hausse atteint les 3 %, avec un coût moyen estimé à 2.284 euros.
« En plus du stress habituel de la rentrée, il faut ajouter le stress et le coût financier de l'épidémie », souligne l'Unef. Dans « Le Parisien », la présidente de la Fage, pointe du doigt des augmentations qui toucheront particulièrement « le public à la frontière d'obtention des bourses ».
Principale cause de cette dégradation, la hausse des loyers qui représentent 69 % du budget mensuel d'un étudiant. En 2020, le prix d'un logement progresse ainsi en moyenne de 2,41 %, rapporte l'Unef. Une progression qui atteint même 3,26 % en région, contre 1,37 % en Ile-de-France.
Que fait le gouvernement face à cette situation ? Certes il a fait des annonces comme pour les néo-bacheliers. Pour les encourager à poursuivre leur étude dans l’enseignement supérieur, 10.000 places supplémentaires dans les formations universitaires seront créées à la rentrée dont 4000 en licence, 3800 dans les formations paramédicales.
Le gouvernement prévoit d'autres mesures pour les étudiants, l’aide à la mobilité sera renforcée de 500 euros pour toute inscription dans une formation à plus de 150 km de leur résidence et nécessitant un déménagement. Entre 181.000 et 235.000 étudiants (hors Ile-de-France) sont concernés. Dans le même temps, les Crous proposeront un repas à 1€ pour les boursiers dès la rentrée 2020.
Cela ne correspond pas ni aux besoins ni aux demandes des étudiants qui face à des aides sociales qui demeurent largement insuffisantes, sont de plus en plus contraint·e·s au salariat afin de pouvoir prendre en charge financièrement cette hausse constante du coût de la vie. Près d’un·e étudiant·e sur deux est aujourd’hui salarié·e en parallèle de ses études, ce qui augmente la probabilité d’échec aux examens.
La dépendance familiale constitue l’autre grande ressource financière des étudiant·e·s ; cependant, la précarité est également grandissante dans le reste de la société et de plus en plus de familles ont des difficultés à assumer financièrement le coût des études pour leurs enfants : entre 2013 et 2016, la part de l’aide familiale dans le budget des étudiant·e·s est passée de 30% à 25%, soit une baisse de 16,67%.
La hausse du coût de la vie induit donc un renforcement des inégalités sociales dans l’accès et dans la réussite dans l’enseignement supérieur.
Face à cela, le gouvernement ne prend pas suffisamment en compte la précarité grandissante des étudiant·e·s. Si une légère augmentation des bourses sur critères sociaux a été enfin effectuée (1,10% en moyenne), celle-ci est loin d’être suffisante pour améliorer les conditions de vie des étudiant·e·s, d'autant qu’en parallèle le gouvernement a augmenté de nombreux frais dans l’enseignement supérieur et que les aides aux logements (APL) sont systématiquement baissées ou gelées tandis que les loyers continuent d’augmenter.
Trois étudiant·e·s sur 4 sont exclu·e·s du système de bourse alors que le coût de la vie pour les non-boursier·e·s décohabitant·e·s en France augmente de 3,49% cette année. Il y a donc urgence à réformer le système des bourses afin qu’il corresponde à la réalité sociale étudiante d’aujourd’hui.
Les frais obligatoires quant à eux augmentent de 0,28% pour les étudiant·e·s français·e·s et européen·ne·s et sont multipliés par 15 pour les étudiant·e·s étranger·ère·s en Licence et en Master d’une nationalité d’un pays qui n’est pas membre de l’Union Européenne.
Depuis la rentrée 2018, les frais obligatoires d’inscription ont été modifiés avec la mise en place de la Contribution Vie Étudiante et de Campus (CVEC). Calquée sur l’inflation, la CVEC a augmenté de 1€ à la rentrée 2019.
De plus, en augmentant les frais d’inscription des étudiant·e·s étranger·e·s hors Union Européenne, le gouvernement en a profité pour indexer les frais d’inscription de l’ensemble des étudiant·e·s sur l’inflation (applicable à partir de la rentrée 2020-2021) entrainant ainsi une augmentation régulière de nos frais alors que les aides sociales, quant à elles, ne sont pas calquées sur l’évolution de l’inflation.
Compte tenu de la gravité de la situation des étudiants, l'UNEF fait la proposition d'un plan d’urgence de refonte des aides sociales pour répondre à la précarité comprenant notamment une revalorisation de 20% des bourses, l’ouverture du système de bourses à 100 000 étudiant·e·s supplémentaires et la mise en place d’un complément de bourse de 100€ par échelon de bourse pour les étudiant·e·s des DROM où le coût de la vie est plus élevé alors que les aides sont les mêmes.
L'UNEF revendique par ailleurs :
➢ Un accompagnement social des étudiant·e·s étranger·e·s en supprimant le critère de nationalité pour accéder aux bourses et en rétablissant des frais d’inscription identiques à ceux des étudiant·e·s français·e·s
➢ Une augmentation du budget des CROUS permettant au CROUS de remplir leur mission de service public et ainsi d’appliquer des tarifs sociaux concernant les logements et la restauration universitaire et garantissant la construction des 60 000 logements annoncés en 2017 par le gouvernement
➢ La généralisation de l’encadrement des loyers dans l’ensemble des villes universitaires, l’indexation des APL sur l’indice de révision des loyers et annulation du changement de mode de calcul des APL prévu pour janvier 2020
➢ La mise en place de demi-tarif étudiant dans les transports commun dans l’ensemble des villes universitaires
➢ Un accompagnement lors de l’insertion professionnelle avec le remise en place de d’Aide à la Recherche du Premier Emploi (ARPE), supprimée en janvier 2019.
➢ La mise en place de mesures contre la précarité menstruelle et pour l’égalité femmes-hommes tel que l’accès à des protection périodiques gratuites sur l’ensemble des sites universitaires et CROUS et la généralisation de chèque santé permettant une visite gratuite chez un·e gynécologue par an pour l’ensemble des étudiant·e·s en ayant besoin.
Sources : Les Echos - l'UNEF
* Qu'est ce que l'UNEF ? L’Union Nationale des Étudiants de France est le principale syndicat étudiant de France. Présent dans chaque villes universitaire, l’UNEF s’investit pour les conditions de vie et d’études de chaque étudiant.e.s de l’enseignement supérieur. Organisation étudiante indépendante des gouvernements et des mouvements politiques, l’UNEF s’organise pour défendre les étudiant·e·s et porter leurs voix. Sa mission principale est de rassembler les étudiant·e·s de toutes les villes et toutes les filières, l’UNEF se structure en sections locales pour défendre au mieux les intérêts matériels et moraux des étudiant·e·s.