Le premier ministre, Jean Castex, celui de l’Agriculture, Julien Denormandie, et le secrétaire d’État aux Retraites, Laurent Pietraszewski, se sont rendus, vendredi, dans la circonscription d’André Chassaigne. Depuis le Puy-de-Dôme, ils ont annoncé que la hausse des retraites agricoles défendue de longue date par le député PCF sera effective au 1er novembre de cette année. Un premier pas qui en appelle d’autres.
Que symbolise cette visite ministérielle ?
André Chassaigne C’est la reconnaissance du long combat des députés communistes et de l’ensemble du groupe de la Gauche démocrate et républicaine. La revalorisation des retraites agricoles est portée à notre crédit, à tel point que le gouvernement et les organisations syndicales parlent aujourd’hui de « loi Chassaigne ». Mais je ne suis pas un perdreau de l’année : je n’oublie pas que cette loi avait été votée en première lecture à l’Assemblée nationale en mars 2017, puis bloquée par la nouvelle majorité. Je n’oublie pas non plus qu’un écrêtement a été mis en place, visant à limiter la hausse des retraites agricoles en cas de cumul avec d’autres pensions, ce qui est contraire à l’universalité de la mesure et a exclu près de 100 000 bénéficiaires du champ d’application de cette loi.
Concrètement, que va-t-elle permettre ?
André Chassaigne Elle fait passer le niveau des retraites agricoles de 75 % à 85 % du Smic, en cas de carrière complète pour toute personne ayant été chef d’exploitation durant 17 ans et demi. Cela concerne aujourd’hui 227 000 personnes, qui vont avoir en moyenne une hausse de 100 euros de leur pension par mois, ce qui leur permettra d’atteindre le minimum vieillesse. Cette loi concerne aussi bien ceux qui sont déjà à la retraite que ceux qui vont la prendre. Mais ce n’est que le premier étage de la fusée : nous allons déposer une nouvelle proposition de loi que notre groupe défendra le 17 juin. Notre objectif est que les conjointes et les aides familiaux soient également concernés par cette hausse des pensions. Car aujourd’hui les femmes ou les frères qui ont travaillé tout autant que les chefs d’exploitation ont en moyenne une retraite de 550 euros par mois.
Comment est financée cette hausse des pensions ?
André Chassaigne Le coût est estimé à 280 millions d’euros par an et est financé par la solidarité nationale. Ce qui pose la question de la rémunération des agriculteurs en activité. Des prix à la production incluant la rémunération du travail et les charges d’exploitation permettraient d’augmenter leurs revenus, et donc leurs cotisations et leur niveau de retraites. C’est une bataille fondamentale. Ce que demandent les exploitants, c’est de pouvoir gagner leur vie dignement par le travail.
Les récoltes ont été frappées par le gel cette année. Vous aviez déposé un texte en avril 2020 sur la prévention des risques agricoles. Que proposez-vous ?
André Chassaigne Il faut créer un régime public d’assurance et de gestion des risques. Cette question s’est de nouveau révélée avec la catastrophe des gels tardifs. Mais, qu’il s’agisse du gel, de la grêle ou de la sécheresse, les catastrophes naturelles liées au dérèglement climatique vont se multiplier dans les années à venir. Cela appelle une réponse et une couverture publiques plutôt que de pousser les agriculteurs vers les assurances privées. Au regard des coûts, seules 30 % des surfaces éligibles sont assurées aujourd’hui. Les agriculteurs ont certes créé eux-mêmes un fonds mutualisé face aux risques sanitaires, mais il faut aussi couvrir les risques climatiques et les soutenir pour qu’ils adaptent leurs cultures et leurs pratiques.