Hommage à Charles TILLON, en souvenir de l’appel aux travailleurs, du 17 juin 1940
17 Juin 2021
Charles Tillon, auteur de cet appel, est élu en 1936 député communiste d’Aubervilliers.
Il devint le principal dirigeant des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F).
Les Jeunes communistes, le Parti communiste et les associations d'anciens combattants se sont réunis hier pour commémorer l'appel lancé par Charles Tillon près de Bordeaux, le 17 juin 1940. Cela fait sept ans que nous nous réunissons ici pour demander que soit apposée une plaque à l'endroit même où Charles Tillon lança le premier appel à résister en France. Son appel eut une résonance particulière dans le secteur de l'aviation, qui connut une forte activité de résistance. L'appel eut lieu dans le moulin des époux Souques, où était installée une blanchisserie. Ses exploitants, sous couvert de leur activité, furent des résistants au fascisme et à l'envahisseur hitlérien. Le 25 août 1942, Mme Jeanne Souques y fut arrêtée. Déportée à Auschwitz-Birkenau, elle y succomba le 1er avril 1943. Henri Souques fut arrêté peu après. Déporté à Mauthausen, il en revint en 1945. Les Jeunes communistes se sont exprimés en ces termes.
Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain prononçait un discours radiodiffusé dans lequel il annonçait aux Français la capitulation militaire et politique de la France. Charles Tillon, délégué par la direction du Parti communiste, fut le premier à répondre publiquement, ici, à Gradignan. L'appel qu'il lançait était clair et sans compromis : il fallait résister au fascisme sur le sol de France, avec les forces vivantes du pays. Le lendemain le Général de Gaulle invitait à poursuivre les combats auprès de lui à Londres. Ces deux appels préfiguraient chacun à leur manière la résistance militaire extérieure, et la résistance citoyenne à l'intérieur du pays.
L'appel de Charles Tillon est plein de la politique des communistes, de la politique qu'ils menaient depuis longtemps contre les "200 familles" avec le Front populaire, dénonçant le fascisme et les accords de Munich. C'est une référence claire aux appels lancés dès les premiers jours de l'invasion allemande par le PCF à la défense de Paris. Et c'est enfin une dénonciation évidente de la "drôle de guerre" qui ne fut pas tant dirigée contre l'Allemagne que contre l'Union soviétique et mena des armées entières, comme l'avait alors remarqué Marc Bloch, à déposer les armes.
Le combat qu'il fallait mener alors n'était pas une simple lutte militaire. C'était un combat intégral contre le fascisme et les politiques de misère qu'il allait bientôt instaurer en France. Et il a sans doute fallu beaucoup de courage et d'abnégation pour que le PCF maintienne sa conduite malgré toutes les difficultés, malgré l'enfermement dans des camps de ses députés, pas par les nazis mais par le gouvernement Daladier. Malgré son interdiction. Malgré l'expulsion, ici à Bordeaux par le maire Adrien Marquet, des syndicats proches des communistes. Dans son ouvrage, Georges Durou [1] rappelle cette phrase terrible de Léon Blum : "C'était inévitable".
Cet appel est donc un symbole fort. Et il l'est particulièrement pour les jeunes communistes. Il permet aux nouvelles générations de se pencher sur l'histoire de la Résistance et sur la place qu'y occupèrent les communistes, trop souvent salie par le discours dominant. C'est un appel qui nous touche particulièrement en Gironde, parce qu'il nous permet de ne pas oublier cette histoire militante locale que nous continuons aujourd'hui.