24 Juillet 2021
Claire Hédon reproche au gouvernement l'emploi d'une procédure accélérée pour voter le projet de loi sanitaire, contenant l'obligation vaccinale des soignants et le Pass sanitaire.
Nécessité de réévaluer les mesures, manque d'un débat démocratique de fond, forme de pouvoir de police octroyé à des entreprises privées pour contrôler les Pass sanitaires... La Défenseure des droits, Claire Hédon, s'en est pris dans un avis publié mardi 20 juillet, au projet de loi du gouvernement.
Ce projet permet, notamment, l'extension du Pass sanitaire et la vaccination obligatoire des soignants a été adopté lundi en Conseil des ministres. Il débute mardi son chemin au Parlement avant une éventuelle adoption en fin de semaine.
"Tout en reconnaissant l'importance de la vaccination dans la lutte contre la pandémie, la Défenseure des droits s'interroge tant sur la méthode que sur la proportionnalité de la plupart des dispositions et restrictions présentes dans le texte", lit-on dans cet avis.
Elle demande "un débat démocratique public de fond" et regrette "vivement le choix d'une procédure accélérée compte tenu de l'ampleur des atteintes aux droits et libertés fondamentales prévues par ce projet de loi ainsi que du caractère inédit de certaines dispositions qu'il comporte".
Claire Hédon met en avant "dix points d'alerte". Elle "insiste sur la nécessité d'une réévaluation régulière du dispositif au regard de la situation sanitaire afin que les restrictions ne durent que le temps strictement nécessaire à la gestion de la crise".
Elle s'interroge notamment "sur le choix d'octroyer à des entreprises publiques et privées une forme de pouvoir de police, assurant elles-mêmes les contrôles de la détention d'un 'passe sanitaire' pour les personnes souhaitant accéder à leur service". "Ce contrôle devrait relever des autorités publiques", juge-t-elle.
Des risques de fractures entre les Français
Les restrictions d'accès aux transports publics et aux biens et services sont "de nature à porter atteinte à la liberté d'aller et venir et à entraver la vie quotidienne de nombreuses personnes, alors même qu'une part importante des populations jeunes et/ou précaires n'a pas encore eu accès à la vaccination".
Les personnes en situation de pauvreté "pourraient être doublement victimes", s'inquiète la Défenseure des droits. "La carte des plus faibles vaccinations recoupe celle de la pauvreté, de la fracture numérique, de l'accès aux services publics", souligne-t-elle. "Les nouvelles mesures comportent ainsi le risque d'être à la fois plus dures pour les publics précaires et d'engendrer ou accroître de nouvelles inégalités".
Autre point d'alerte: l'extension des mesures d'isolement. "Il est à craindre que ces dispositions combinées à la possibilité de rendre payants les tests, aient pour effet de désinciter à se faire tester et ne freine la politique de dépistage massif, favorisant ainsi la circulation du virus", s'inquiète la Défenseure des droits.