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LA DERIVE LIBERALE DU LABOUR :

Le cinéaste Ken LOACH exclu d'un Parti travailliste très divisé

Le réalisateur Ken Loach a annoncé sur Twitter avoir été exclu du Parti travailliste britannique. Dans un pays où la question israélo-palestinienne est historiquement forte, le parti du Labour n'en finit plus de se déchirer à ce sujet. Le groupe politique est en pleine discorde depuis l'exclusion de son ancien leader, Jeremy Corbyn, du groupe parlementaire en novembre dernier.

Le cinéaste mondialement reconnu Ken Loach a annoncé sur Twitter son éviction du Labour, le Parti travailliste britannique. « Le QG du Labour a finalement décidé que je n'étais pas apte à être membre de leur parti, car je ne veux pas renier les personnes déjà expulsées », a-t-il écrit sur le réseau social avant de s'en prendre au leader du mouvement, Keir Starmer. « Starmer et sa clique ne dirigeront jamais un parti du peuple. Nous sommes nombreux, ils sont peu nombreux. Solidarité », a-t-il ajouté.

Deux fois primé au Festival de Cannes pour ses films Le vent de lève en 2009 et Moi, Daniel Blake en 2016, Ken Loach est un militant historique du Labour, le mouvement des travaillistes britanniques. Après l'avoir intégré dès les années 1960, il avait déjà quitté une première fois le parti dans les années 1990, en désaccord avec la ligne menée par Tony Blair. Puis il l'avait réintégré à la suite de l'élection de Jeremy Corbyn, l'ancien leader du parti entre 2015 et 2020, dont il était un fervent partisan.

 

Or, depuis la lourde défaite aux élections législatives de 2019 et le départ de Jeremy Corbyn, le parti travailliste est sous le feu des critiques pour sa supposée complaisance envers l'antisémitisme. L'ex-leader avait lui-même été suspendu de son propre parti en 2020 après qu'un rapport interne condamnait son « manque de volonté » de s'attaquer à l'antisémitisme dans ses rangs.

La question agite le parti depuis plusieurs années. En avril 2016, Naz Shah, députée de Bradford, dans le nord de l'Angleterre, avait été brièvement suspendue du Parti travailliste pour des publications sur Facebook qui suggéraient d'expulser des Israéliens vers les États-Unis. La même année, l'ancien maire de Londres, Ken Livingstone, avait également été suspendu après avoir affirmé à plusieurs reprises qu'Adolf Hitler était un défendeur du sionisme.

AMBIGU

Farouche défenseur de la cause palestinienne, le réalisateur est depuis longtemps accusé d'antisémitisme en raison de ses positions sur la politique israélienne. À la suite de la décision du groupe Radiohead de se produire en concert en Israël, le réalisateur avait appelé le groupe à se joindre au boycott. « Radiohead doit décider s'il se tient au côté de l'oppressé ou de l'oppresseur », avait-il ainsi écrit.

Thom Yorke, auteur-chanteur-compositeur du groupe, lui avait répliqué de manière cinglante. « Jouer dans un pays n'est pas la même chose que soutenir un gouvernement avait-il déclaré. Nous jouons en Israël depuis vingt ans, et avons connu une succession de gouvernements, certains plus tolérants que d'autres. Comme nous l'avons fait aux États-Unis. Nous ne soutenons pas plus Netanyahou que Trump, mais nous jouerons aussi aux États-Unis. La musique, l'art et la connaissance concernent le franchissement des frontières, pas leur érection, l'ouverture des esprits, pas leur fermeture, l'humanité partagée, le dialogue et la liberté d'expression. J'espère que c'est suffisamment clair, Ken. »

Ken Loach avait également tenu des propos ambigus sur la Shoah. « Je pense que l'histoire est là pour être discutée par nous tous », avait-il déclaré à ce sujet avant de clarifier sa position sur Twitter. « L'Holocauste est aussi réel que la Seconde Guerre mondiale elle-même et ne peut être remis en cause. Mais l'histoire appartient à nous tous, seul un esprit retors oserait suggérer que je puisse soutenir des révisionnistes, qui nient l'Holocauste. Il est en soi remarquable que je sois contraint de le préciser – un signe de l'époque ? » avait-il écrit en septembre 2017, toujours sur Twitter.

SOUTIEN

Le cinéaste de 85 ans a dénoncé sur Twitter une « chasse aux sorcières » à l'encontre des membres du parti. « Je suis fier d'être aux côtés de bons amis et camarades victimes de la purge », a-t-il écrit. Depuis l'annonce de son éviction, Ken Loach a reçu de nombreux soutiens au sein du parti mais aussi d'acteurs extérieurs à celui-ci. Le hashtag #StandWithKenLoach (« JeSoutiensKenLoach ») a ainsi été lancé par de nombreuses personnalités politiques britanniques.

John McDonnell, ancien Chancelier de l'Échiquier du cabinet fantôme (de l'opposition), a ainsi apporté son soutien au réalisateur. « Expulser un si bon socialiste qui a tant fait pour le socialisme est une honte. Les films de Ken ont mis au jour les inégalités de notre société, nous ont donné espoir et nous ont poussés à lutter. J’exprime ma solidarité envers mon ami et camarade. » a-t-il déclaré sur Twitter.

Ken Loach a également reçu des messages favorables de la part de personnalités étrangères, à l'instar du syndicaliste Gérard Filoche en France qui exprimait son « soutien total », ou encore de Yánis Varoufákis, ancien ministre grec des Finances. « Je viens d’apprendre que Keir Starmer a expulsé Ken Loach du parti travailliste, a-t-il déclaré. J’espère que c’est une fake news. Tout ce qu’il aura réussi à faire, c’est d’expulser l’âme du parti travailliste, laissant un parti aride et sans âme, qui est encore plus pauvre que sous Blair et ses amis criminels de guerre. »

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