23 Octobre 2021
Le gardien des dogmes capitalistes, le président de la cour des comptes, Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste de Hollande a décidé de livrer une série de notes avec l'intention affichée de peser dans le débat de la présidentielle, bien qu'il s'en défende.
Hier jeudi, la publication d'une douzaine de notes sur « les grands enjeux auxquels il sera essentiel de s'atteler dans les cinq ou dix ans à venir », confirme l'objectif de parler fort pour se faire entendre et peser avant la présidentielle .
Avec cynisme, Pierre Moscovici n'hésite pas à affirmer : « Il n'est pas question de participer à la campagne électorale. Mais la Cour peut être plus présente dans le débat public et dans une temporalité plus proche des décisions ». En résumé, quels que soient les candidats toutes et tous devront suivre les recommandations de l'institution gardienne du temple de la gestion néolibérale du capitalisme dont nous pouvons mesurer les dégâts avec Macron après ceux du quinquennat de Hollande.
Bien évidemment la question ultra sensible des retraites, la justice, les Universités, la transition agroécologique font partie des premières notes.
Huit autres dont une sur la politique énergétique et une autre sur le logement suivront d'ici la fin de l'année. Avec culot et mépris, P. Moscovici rajoute : " on ne voulait pas donner l'impression de faire la leçon au nouvel élu". Quel prétentieux !
C'est la première fois que la Cour se livre à un tel exercice avant l'échéance présidentielle. On peut facilement imaginer qu'elle tient à rappeler qu'elle est la gardienne des dogmes de la gestion libérale de l'Etat et que ceux-ci devront être respectés. Donc pas de promesses inconsidérées à faire par les candidats et surtout la recommandation faite aux Français de se référer à l'avis de la cour des comptes pour faire son choix pour la présidentielle.
Une façon de monter au front au moment où s'affirment des exigences fortes dans l'opinion comme l'augmentation des salaires et des pensions, la revalorisation du point d'indice des fonctionnaires, la création de 100 000 emplois dans les hôpitaux publics, le retour à 60 ans de l'âge de la retraite, l'urgence de la transition écologique qui nécessite des moyens très importants, le besoin de créer un pôle public de l'énergie avec un retour d'EDF à la nationalisation d'un type nouveau avec des pouvoirs accrus pour les salariés etc.
Il est certain que cette incursion dans la campagne électorale va faire tousser des candidats-es et de futurs décideurs de la politique et de l'action publique.
Bien évidemment le tenants du libéralisme sont heureux comme le député de droite Eric Woerth (LR) qui dit « On est sur une ligne de crête. C'est en effet une forme de pression dans l'atmosphère politique, même si c'est pour la bonne cause de mon point de vue ».
Pour tenter de désamorcer la critique, le journal Les Echos précise que la "Cour des comptes a pris bien soin que ces notes suivent une méthodologie similaire à ces rapports traditionnels, adoptés à l'issue d'une délibération collégiale". Un baratin technocratique pour faire passer cette agression au libre choix démocratique des électeurs.
Tout observateur lucide ou tout politique censée percevra aisément que ces notes sont une façon pour Pierre Moscovici de continuer à peser dans le débat politique. En guise de défense, l'ancien ministre socialiste insiste sur le fait que « ces notes ne sont pas prescriptives, avec plusieurs leviers possibles sans enfermer les choix ».
Mais aussitôt la Cour pose comme incontournable une réforme paramétrique des retraites, de quoi faire hurler les syndicalistes, les partis de gauche, certains candidats de gauche et surtout les Français qui majoritairement ne veulent pas d'une telle réforme.
Au fond, il s'agit d'une tentative assez minable d'essayer d'enrayer le débat qui monte sur les questions sociales très présentes dans les luttes actuelles, notamment les salaires, l'emploi, la formation, la protection sociale, le développement des services publics et la réindustrialisation du pays provoqué par Fabien Roussel qui vient de connaitre une forte progression de sa cote de popularité qui doit faire réfléchir plus d'un salarié et citoyen.
Ainsi ces fameuses notes n'auraient pour vocation que de nourrir le fameux « cercle de la raison », théorisé par Alain Minc pour promouvoir Edouard Balladur, et au moment où certains jugent que Macron doit être le « candidat de la raison ». Nous y voilà donc !
Toujours aussi hypocrite, Moscovici répond « Nous ne roulons pas pour alimenter telle ou telle équipe. En revanche, si nous pouvons contribuer à ce que la raison prévale dans une époque marquée par les caricatures et la désinformation, nous le ferons.... ».
Et en avant, tout ça roule pour Macron au bilan catastrophique pour le pays et ses travailleurs ! Quelle honte !
La présidentielle est l'occasion offerte de balayer les dogmes du capitalisme financier, et si au passage, ils balaient cette Cour des comptes constituée de politicards issus de la France du siècle d'avant, nous en serons que plus heureux !