18 Avril 2022
Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L’un autour des libéraux, l’autre avec l’extrême droite, le troisième avec l’Union populaire. Mais seuls deux d’entre eux sont présents au second tour. Le choix n’est pas libre puisqu’il oppose deux dangers, même s’ils sont de nature différente. Ainsi, Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu’elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse. En toute hypothèse, compte tenu des positions prises par les deux protagonistes, le second tour bloque surtout les ruptures indispensables, vitales, pour répondre à la crise écologique, sociale et démocratique.
Dans le contexte présent et compte tenu des délimitations tranchées entre les trois groupes, ce deuxième tour élira donc une présidence par contrainte et par défaut. Aucune des tensions politiques du pays ne sera résolue. Il est probable qu’elles soient au contraire aggravées. Dans ces conditions, nous voulons stabiliser et enraciner davantage encore le pôle populaire pour le rendre disponible et majoritaire aussitôt que possible, notamment pour les prochaines élections législatives. C’est un objectif impraticable sans cohérence programmatique, unité d’action et respect mutuel.
Dans ce but, l’Union populaire est notre stratégie : rassembler sur des propositions plutôt que sur des logos de parti. Mais elle est aussi d’ores et déjà un cadre avec son parlement. Il affiche un rassemblement cohérent, ouvert à la société et ses combats. Porté par des personnalités associatives et syndicales, il l’est aussi par plusieurs partis et organisations, notamment le mouvement « La France Insoumise » qui l’a proposé et réuni. Son horizon est une société d’entraide fondée sur l’harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.
A partir de là, comment converger ? Nos relations ont été lourdement dégradées pendant cette campagne. Sans vous répondre jamais, nous avons pris au sérieux vos accusations souvent blessantes et vos appréciations selon lesquelles existeraient entre nous des difficultés insurmontables. Vous les avez assez répétées pour que nos électeurs respectifs s’en souviennent. Nous nous souvenons que vous nous avez exclus de toute liste commune y compris face au Rassemblement national en région PACA. Dès lors, un arrangement de dernière minute pour de simples soucis de sauvetage électoral d’organisations serait incompris et démoralisant pour le grand nombre que la politique politicienne exaspère et désespère.
Pour autant, nous continuons notre travail de construction d’une majorité. Nous sommes prêts à partager cet effort avec vous, sans volonté hégémonique ni exigence de ralliement. Bien sûr, il faut que vous vous engagiez pour cela à cesser les attaques. Nous croyons que vous devez vous en expliquer devant les électeurs, qui ont cru à vos propos, afin qu’ils puissent être convaincus de se rassembler avec nous. Nous-mêmes, nous devrons, dans ce cas, convaincre à notre tour que cette époque est révolue et qu’une nouvelle commence. Il faut passer à autre chose, sans condition démoralisante ni faux semblant.
Convaincus depuis plusieurs mois de la possibilité de l’emporter, nous nous sommes adressés à vous par courrier ces dernières semaines.
Si nous avions accédé au second tour, nous nous étions engagés à proposer à tous ceux qui le voudraient de se joindre à nous pour constituer une nouvelle majorité présidentielle. Nous maintenons cette proposition dans le but concret de construire une nouvelle majorité gouvernementale, c’est à dire une majorité politique à l’Assemblée nationale.
En toute hypothèse, du fait des électeurs, ce cadre approfondira celui de l’union populaire. Sa base doit être un programme commun partagé. Il serait établi à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : « L’avenir en commun », chacun conservant son propre programme par ailleurs. Mais dans l’action législative, il servira de référence pour les votes à formuler.
Cette nouvelle étape sera évidemment une coalition de partis et mouvement mais aussi de personnalités et figures associatives et syndicales. Ils se réuniront dans un nouveau parlement, à l’image du parlement de l’Union populaire, reconstitué en vue de cette élection. Evidemment, chacun restera libre de son expression, de son organisation et de ses choix. Mais tous s’engageront à former un intergroupe à l’Assemblée nationale pour soutenir le gouvernement de notre majorité ou pour s’opposer sans faille ni compromis au pouvoir qui serait là.
En toute hypothèse, cette proposition est faite aussi bien aux partis et regroupements qu’aux personnalités et groupements qui en sont membres et qui pourraient vouloir s’y associer. Tous ceux qui veulent construire une alternative politique majoritaire y trouveraient un cadre ouvert et la possibilité d’une action commune efficace.
Pour ce faire, nous vous proposons de nous rencontrer pour discuter :
Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons nos salutations cordiales.
Adrien Quatennens, coordinateur de la France insoumise
Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée Nationale
Aurélie Trouvé, présidente du Parlement de l’Union Populaire
Manuel Bompard, président de la délégation de la France insoumise au Parlement européen
Le 15 avril 2022
À l'attention de la France insoumise
Cher·e·s camarades,
Nous avons bien reçu votre courrier transmis hier et nous vous en remercions.
Nous le recevons comme une réponse positive à l'appel de Fabien Roussel pour une rencontre entre nos formations politiques.
A l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, jamais l’extrême droite n’avait totalisé autant de voix sous la Ve République, ce qui lui permet à nouveau de se qualifier pour le second tour.
Jamais depuis 20 ans, autant de nos concitoyennes et concitoyens ne se sont abstenus à une élection présidentielle.
L’heure est grave.
Dans cette situation, la priorité pour les communistes est de battre Marine Le Pen dans les urnes, dimanche 24 avril.
C’est pourquoi nous appelons à prendre des initiatives, partout dans le pays, pour révéler et combattre le projet de l’extrême droite et de ses forces organisées.
Nos milliers d’élu·e·s, parlementaires, maires, conseillères et conseillers régionaux, départementaux et municipaux sont pleinement mobilisés en ce sens, en lien avec nos forces militantes présentes sur l’ensemble du territoire.
Et c’est pourquoi, dimanche 24 avril prochain, fidèles à notre histoire, nous utiliserons et nous appelons à utiliser le seul bulletin de vote à notre disposition pour battre Marine Le Pen dans les urnes.
Nous le ferons sans aucune concession à Emmanuel Macron, premier responsable de cette situation, dont nous avons été tout au long du quinquennat et dont nous resterons les adversaires résolus.
Dans cette situation très difficile pour le pays, il y a un motif d’espoir.
La gauche progresse de 4,27 points par rapport au scrutin de 2017 et obtient près de 32 %. Cela doit d'abord à la progression de 652 569 voix de Jean-Luc Mélenchon, qui avec l'Union populaire obtient 7 712 520 voix et aussi au résultat de notre candidat, Fabien Roussel, qui recueille 802 422 voix en portant le projet d’une France des Jours heureux.
Ces candidatures, avec leurs atouts respectifs, ont donc permis de renforcer la dynamique de toute la gauche.
Après avoir porté à cette élection présidentielle nos ambitions pour la France, la spécificité de nos projets, il s'agit désormais de continuer à élargir nos capacités de rassemblement respectives, dans le respect de nos objectifs et pratiques politiques, tout en travaillant les convergences indispensables à des avancées concrètes pour les Françaises et les Français.
Toutes les forces de gauche font face à une responsabilité historique et doivent agir ensemble : en se rassemblant, dans le respect de leurs résultats aux échéances électorales et de leurs spécificités, elles peuvent battre la droite de Macron, l'extrême droite et faire élire le plus grand nombre possible de député·e·s de gauche, en visant l’obtention d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, en juin prochain.
Cette ambition est essentielle pour être en capacité de mener les combats sociaux et démocratiques dans le prochain quinquennat, avec les millions de citoyennes et citoyens qui sont prêts à s’y engager avec nous.
Nous sommes prêts à discuter de vos propositions et nous en avons également à vous soumettre, en visant une base d’accord partagée sur l’ensemble des questions, qui ouvre un espoir nouveau pour la gauche, et pour la France.
Dans l’attente de notre rencontre,
Cordialement,
Le comité exécutif national du PCF