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A DROITE TOUTE !

Le programme du gouvernement est le frère jumeau des recommandations de la Commission européenne/Conseil européen

Preuve à l’appui cf. Commission européenne/Conseil européen : « Compte tenu de l'évolution rapide de la situation économique et géopolitique, le Semestre européen reprend sa vaste coordination des politiques économiques et de l'emploi en 2022, tout en évoluant conformément aux exigences de mise en œuvre de la facilité pour la relance et la résilience, comme indiqué dans l'étude annuelle sur la croissance durable de 2022. La mise en œuvre des plans de relance et de résilience adoptés est essentielle à la réalisation des priorités politiques dans le cadre du Se-mestre européen, car les plans traitent de l'ensemble ou d'un sous-ensemble important des recommandations pertinentes spécifiques aux pays émises dans les cycles du Semestre 2019 et 2020. Les recommandations par pays de 2019 et 2020 restent également pertinentes pour les plans de rétablissement et de résilience révisés, mis à jour ou modifiés conformément aux articles 14, 18 et 21 du règlement (UE) 2021/241, en plus de toute recommandation par pays émise jusqu'à la date de soumission du plan modifié. »

 

Premièrement, rigueur budgétaire. « En 2023, assurer une politique budgétaire prudente, notamment en limitant la croissance des dépenses courantes financées par l'État à un niveau inférieur à la croissance de la production potentielle à moyen terme…. mener une politique budgétaire visant à atteindre des positions budgétaires prudentes à moyen terme et à assurer une réduction crédible et progressive de la dette et la viabilité budgétaire à moyen terme par un assainissement progressif, des investissements et des réformes… »
En clair : une rigueur très sévère par rapport aux années antérieures. Fini le “quoiqu’il en coûte”, il faut payer la facture. L’UE vise le retour aux 3% de déficit budgétaire au plus tard en 2027.

  • C’est bien ce que la Première ministre a dit dans son discours de politique générale le 6 juillet au Parlement français : « Les finances publiques doivent reprendre le chemin de l’équilibre ». Elle a cité fin 2026 pour y parvenir.

Deuxièmement, les retraites. « En 2018, le gouvernement français a lancé un processus de réforme dans le but d'unifier les règles des multiples régimes de retraite. Cette réforme a été interrompue avec l'apparition de la pandémie de COVID-19. En présentant les objectifs du plan de relance et de résilience français, le gouvernement a confirmé son engagement à poursuivre une réforme ambitieuse du système de retraite, visant à améliorer son équité et sa pérennité. »
Ainsi la Commission européenne/Conseil européen recommande de : « Réformer le système de retraite pour unifier progressivement les règles des différents régimes de retraite afin d'en renforcer l'équité tout en assurant sa viabilité. »
En clair : ce n’est pas la première fois que l’UE presse les gouvernements successifs de la France de réformer les retraites et de supprimer les régimes spéciaux. L’UE revient donc à la charge et tient, avec Macron, à la réalisation de cette casse sociale que seule la mobilisation populaire a, pour l’instant, fait reculer.

  • C’est bien ce qu’a déclaré la Première ministre en insistant sur l’impérieuse nécessité de réformer les retraites, de travailler plus d’années. Elle a souligné que le système français et son « coût est une exception en Union européenne ». C’est selon elle au nom des progrès sociaux et pour pérenniser le système qu’il faudra progressivement travailler plus longtemps.

Troisièmement, la cohésion européenne.  « Poursuivre la mise en œuvre de son plan de redressement et de résilience… Finaliser rapidement les négociations avec la Commission sur les documents de programmation de la politique de cohésion 2021-2027 en vue de commencer leur mise en œuvre. »
En clair : la politique dite “de cohésion européenne” signifie que les décisions de l’UE en matière économique, sociale, environnementale, écologique, etc. devront s’appliquer jusqu’en 2027 et ce quels que soient les résultats des élections qui se tiendraient en France durant cette période. Mais personne ne sait ce qui pourrait se passer d’ici là : Macron pourra-t-il terminer son second mandat ? Dissoudra-t-il l'Assemblée Nationale ? Une motion de censure sera-t-elle adoptée ? Y aura t-il des “troubles sociaux” ? Une inflammation “jaune” ? Bref, l’UE prend les devants et installe son carcan pour contraindre un éventuel nouveau gouvernement à poursuivre ses réformes (sauf en cas de rupture de la France avec l’UE)…

  • La Première ministre n’a pas été très précise sur ce sujet (on la comprend…) mais elle donne le ton en insistant sur la « souveraineté » qui se conçoit comme «  une France plus forte et une Europe plus indépendante ». « L’Europe nous protège et nous projette dans l’avenir » a-t-elle affirmé.

 
Quatrièmement, l’éducation. « Remédier à la pénurie de compétences en relevant le niveau des compétences de base, en offrant des possibilités supplémentaires d'apprentissage en milieu professionnel … notamment en adaptant les ressources et les méthodes aux besoins des élèves… »
En clair : les élèves de France ne sont pas assez directement opérationnels ou performants pour les entreprises. Une énième réforme de l’école et du métier d’enseignant sera conduite et en particulier des lycées professionnels.

  • La Première ministre a insisté lors de son discours de politique générale sur la « poursuite de la refondation de l’éducation nationale » et la promotion du « lire, écrire, compter, respecter autrui ». Concernant les enseignants elle déclare qu’il faut les « reconnaître, faire évoluer leur profession, améliorer leur salaire » et que les « solutions seront différenciées en fonction des situations locales ». Elle a aussi annoncé une réforme importante des lycées professionnels et a indiqué que dans le supérieur il faudra orienter en fonction du métier que l’étudiant veut exercer, quitte à ce qu’il se forme à autre chose ultérieurement (sans doute en fonction des besoins du marché de l’emploi).

    On doit également indiquer ici qu’elle a annoncé la disparition de Pôle Emploi. Ses missions seront regroupées avec l’orientation et la formation, dans un cadre régional, et viseront notamment à faire découvrir des métiers. La nouvelle structure sera nommée Agence France Travail. Ainsi, de l’école à l’emploi c’est en frappant à la même porte locale (régionale en fait) que l’avenir se décidera pour les jeunes et les chômeurs afin de répondre aux besoins de main d’œuvre des employeurs.

  • Cinquièmement, l’écologie. « Réduire la dépendance globale à l'égard des combustibles fossiles. Accélérer le déploiement des énergies renouvelables à l'échelle des services publics et décentralisés en augmentant l'investissement public et en facilitant l'investissement privé, notamment en rationalisant davantage les procédures d'autorisation et en veillant à ce que les administrations chargées de l'octroi des autorisations soient dotées d'effectifs suffisants. Améliorer le cadre politique pour inciter à la rénovation profonde des bâtiments. Développer la capacité d'interconnexion des réseaux d’énergie. ».
    En clair : la France doit réduire sa dépendance globale au pétrole et au gaz (hydrocarbures) et accélérer le déploiement des énergies renouvelables à taille industrielle et décentralisé notamment, en facilitant l’investissement privé et l'octroi des permis d’exploitation. L’UE impose donc au gouvernement français de développer rapidement et tous azimuts les énergies renouvelables au premier rang desquels les éoliennes…

D’une manière générale le programme Macron vise à appliquer, et même anticipe avec zèle, la philosophie de la Commission : des aides ponctuelles ciblées, en tous domaines, y compris pour le pouvoir d’achat : segmentation de la population, chèques alimentation, aides aux « gros rouleurs », etc. Pas d’augmentation de salaire dans le privé et en particulier du salaire minimum, à l’exception du dégel du point d’indice des fonctionnaires (bloqué depuis 10 ans !) à hauteur de 4% comme pour les retraites, elles aussi désindexées de l’inflation depuis des lustres. Si l’inflation est annoncée aujourd’hui à plus de 5% et menace de grossir, les 4% de l’employeur public ne la compenseront même pas.
Faut-il s’étonner ? Non, car les néolibéraux ne veulent pas s’attaquer aux marges des grandes entreprises, ni aux propriétaires immobiliers, aux investisseurs, ils veulent tout simplement jeter quelques miettes aux plus pauvres, aux moins rémunérés pour leur travail afin de contenir la colère et se montrer bienveillants ! Ils veulent maintenir les citoyens dans la dépendance du prince qui accorde à son bon vouloir quelques pièces aux gueux qu’il considère être des mendiants ! En outre envoyer un peu d’argent public ne coûte rien à ceux qui se gavent sur le dos des salariés (en les sous payant), il fait augmenter la dette publique et permet aussi à l’État de pratiquer dans la foulée des coupes sombres dans les services publics, de charger la barque des collectivités territoriales ! La mécanique est bien huilée ! C’est tout le sens de ce qui figure dans le document de l’UE et dans le discours d’Élisabeth première.
Régional, territorial, local : l’orientation du gouvernement. Vous l’aurez sans doute compris : demain sera « local » ou ne sera pas ! En fait il sera surtout régional. Les réformes territoriales n’ont pas été adoptées pour rien.

Prenons par exemple les hôpitaux. Que nous a dit la Première ministre : il faut « une offre de santé adaptée dans les territoires », construire du public/privé. Pour le grand âge, les EHPAD du futur seront « hors les murs », grâce à Prim’Adapt pour les logements on pourra vieillir chez soi. 50 000 infirmières et aides-soignantes devront être recrutées. Pour la « garde d’enfant » (le mot crèche n’est jamais prononcé), Élisabeth la première annonce la création de 200 000 places en lien avec les « territoires ». Public ? Privé ? On l’ignore encore mais…

Des déclarations hors sol eu égard à l’urgence dans laquelle les hôpitaux publics sont plongés ! Aucune remise en cause des ARS (Agence de santé régionale), de la tarification à l’acte, de la loi HPST de Bachelot, de l’application du new management plaçant l’hôpital public dans le carcan d’une « entreprise », etc.

Avant de terminer, impossible de résister à l’envie de vous informer du paragraphe suivant

« L'invasion de l'Ukraine par la Russie, dans le sillage de la pandémie mondiale, a considérablement modifié le contexte géopolitique et économique. L'impact de cette invasion sur les économies des États membres s'est fait sentir, par exemple, par la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires et par des perspectives de croissance plus faibles. La hausse des prix de l'énergie pèse particulièrement sur les ménages les plus vulnérables, notamment ceux qui connaissent ou risquent de connaître la pauvreté énergétique. L'UE connaît également un afflux sans précédent de personnes fuyant l'Ukraine. Dans ce contexte, le 4 mars 2022, la directive sur la protection temporaire a été déclenchée pour la première fois, accordant aux personnes déplacées d'Ukraine le droit de rester légalement dans l'UE, ainsi que l'accès à l'éducation et à la formation, au marché du travail, aux soins de santé, au logement et à la protection sociale. »

Demain sera régional pour l’emploi, la formation, l’éducation, la santé.

Demain sera régional pour la transition écologique.

Demain sera surtout « européen » !

Demain sera fait de l’adoption du modèle allemand des Régions/Länder.

La Première ministre a brossé dans le sens du poil les élus locaux, répété vingt fois « territoires », rendu un vibrant hommage aux Sénateurs, déclarant que  : « oui, il faut plus de cohésion des territoires, aller vers une logique de différenciation, donner plus de poids aux élus locaux, être dans la concertation. ».  Un agenda rural sera établi. La mission de l’ANRU sera poursuivie, des contrats de ville seront élaborés.

La République sera désormais « à la carte ». Selon que vous résidez en Bretagne, en Alsace, en Auvergne, dans le Pas-de-Calais, ou en banlieue, en zone rurale ou urbaine vos droits seront différenciés encore plus qu’aujourd’hui. C’est l’objectif de la loi 3DS adoptée quelques semaines avant la présidentielle.

Après demain verra le sacre du fédéralisme européen !

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