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ABANDON DE POSTE ??

Notre pays se désindustrialise, notre école s’effondre, la pauvreté s’étend ? Tout cela ne préoccupe guère le gouvernement, qui préfère taper encore et toujours sur les chômeurs.

La nuit dernière, le principe d’une modulation du montant des allocations-chômage selon la conjoncture a été adopté. Un changement ubuesque pour trois raisons. D’abord, cette modulation existe déjà, puisque, lorsque la conjoncture se dégrade, les salaires baissent, et donc aussi les allocations-chômage, calculées en fonction des derniers salaires. Ensuite, les études montrent que la baisse des allocations-chômage pousse certes les chômeurs à reprendre plus vite un emploi, mais comme ils prennent le premier job qui passe, ils le quittent plus vite après, ce qui est mauvais pour eux, comme pour leur employeur.

Enfin, ce qui est magique, c’est que l’article de loi… ne donne pas les nouvelles règles de calcul, qui seront décidées par Olivier Dussopt, Ministre du Travail, du Plein-emploi et de l’Insertion (on ne rit pas), loin des représentants des employeurs et des salariés. Et Dussopt d’oser déclarer qu’il ne s’agit pas de « jeter l’opprobre » sur les chômeurs, de « les culpabiliser » ou « d’alléguer que certains profitent du système », alors que c’est précisément le cas.

 

Une preuve ? La majorité a rejeté tous les amendements venus de la gauche, même celui demandant gentiment que des associations de chômeurs soient simplement conviées, sans voix aux décisions évidemment, aux concertations autour de la nouvelle réforme à venir. Rien que ça, c’est déjà trop pour le grand démocrate participatif Dussopt.

Sus aux « abandons de postes »

Bon, mais tout cela était prévu. La surprise de la nuit dernière a été l’attaque d’Olivier Dussopt, « homme de gauche, né à gauche, et qui mourra à gauche », comme il l’a déclaré lors d’une émission télévisée, contre un truc dont j’ignorais l’existence, les « abandons de postes ».

Il s’agit de la situation où un salarié quitte son travail sans prévenir, obligeant finalement son employeur, au bout d’un certain temps, à le licencier pour faute grave. L’ex-salarié peut alors percevoir les allocations-chômage. Enfin, pouvait, puisque la majorité a décidé de supprimer cette possibilité.

L’amendement voté hier prévoit que les abandonneurs de postes seront désormais « présumés démissionnaires ». Ils seront donc privés de toute allocation-chômage – c’est le but de la manœuvre. Chose doublement drôle, ou triste, c’est selon, quand on se souvient que le candidat Emmanuel Macron avait promis d’étendre l’assurance chômage aux personnes démissionnant.

Ces abandons sont-ils nombreux ? Croissants ? Personne ne le sait, puisqu’il n’existe aucune statistique à leur sujet ! Pas grave, Dussopt sait que les abandons de postes sont nombreux et croissants, même s’il ne dispose d’aucun chiffre.

Résoudre un faux problème en tapant sur les plus fragiles ? Yes Dussopt can !

Comme le dit l’expert des questions d’emploi Bruno Coquet, qui lui, sait de quoi il parle, il s’agit d’un problème « qui n’existe peut-être pas ». En particulier parce que, le temps que l’employeur relance le salarié, puis procède au licenciement, et que celui-ci ait finalement lieu, des semaines, voire des mois s’écoulent.

Les salariés concernés, presque toujours en situation de détresse psychologique, doivent donc attendre tout ce temps avant de percevoir leur première allocation-chômage. Or de quoi vivent-ils pendant ce temps, hum, Olivier ? Car ces départs brutaux de travailleuses et travailleurs ne sont pas surtout dans la finance, hein.

Ils concernent avant tout l’hôtellerie-restauration et la construction, où les salaires sont très bas. Il faut vraiment être un nanti du gouvernement pour penser que ces personnes ont de quoi vivre des semaines voire des mois pour attendre leurs allocations-chômage.

De nombreux témoignages de personnes ont été publiés hier pour souligner que les abandons de poste sont la dernière extrémité de travailleuses et de travailleurs qui cherchent à se protéger face à un employeur brutal, des collègues ou une organisation du travail dangereuse. Mais, pour savoir cela, il faut connaître un minimum le monde réel du travail. •

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