20 Octobre 2022
L’engrenage militaire en Ukraine connaît une nouvelle phase avec la défense anti-aérienne. Prônée par le président ukrainien, la plupart des pays occidentaux sous la pression américaine dont la France ont répondu favorablement.
C'est très inquiétant, l'Europe fait-elle ainsi le choix de devenir belligérant ? La décision des dirigeants européens d’aider l’Ukraine dans une défense anti-aérienne est-elle un point de bascule ? Depuis les frappes massives russes entamées lundi en réponse à l'attentat du pont reliant la Crimée à la Russie, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a assuré que la fourniture de ces systèmes à même de neutraliser ces missiles était « la priorité ».
De leur côté, l’Allemagne, la France, les États-Unis et le Royaume-Uni se sont engagés à des livraisons d’armes anti-aérienne. Le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a d’ores et déjà salué « une nouvelle ère de la défense aérienne » avec l’arrivée du système « Iris-T d’Allemagne » et la livraison prochaine de « NASAMS américains ».
Lors de son passage sur France 2, Macron a promis « des radars, des systèmes et des missiles » anti-aériens « pour protéger (les Ukrainiens) des attaques, en particulier pour les protéger des attaques de drones ». Et il a répété que la France travaillait avec le Danemark à l’envoi de 6 canons Ceasar, en plus des 18 déjà livrés. Le gouvernement a également acté un fonds doté de 100 millions pour les achats d’armements français par l’Ukraine. « Il s’agit d’un paquet complet : l’armement, les munitions, le carburant et la formation des militaires à son utilisation (…) On colle aux besoins des Ukrainiens », au ministère des Armées. C'est donc bien une nouvelle escalade guerrière dans laquelle Macron met les doigts, et sans débat et sans consultation du Parlement ! C'est encore une fois le refus de la politique, de la diplomatie et du dialogue.
Macron peut toujours appeler « Vladimir Poutine » à « cesser cette guerre » et « respecter l’intégrité territoriale de l’Ukraine et revenir autour de la table des discussions », mais si dans le même temps, il fait tout pour poursuivre la guerre, il n'a que peut de chances de se voir entendu. D’autant plus que Macron a aussi confirmé le renforcement du dispositif militaire sur le flanc Est de l’OTAN. Ce déploiement correspond à l’envoi supplémentaire de véhicules blindés de combat d’infanterie (VBCI) en Roumanie, et un escadron de chars Leclerc ; des avions Rafale en Lituanie pour assurer la police du ciel et une compagnie d’infanterie légère en Estonie.
Dans l'escalade, les propos du chef de la diplomatie européenne J. Borrell se détache. Devant le collège d’Europe à Bruges, ce dernier a affirmé : « Toute attaque nucléaire contre l’Ukraine entraînera une réponse militaire si puissante que l’armée russe sera anéantie ». Ce dernier a annoncé que l’UE va approuver un nouveau financement qui portera à « plus de 3 milliards » d’euros son soutien militaire à l’Ukraine. Dans le même temps, les 27 membres de l’Union européenne ont donné leur accord à l’organisation d’une mission militaire pour former les forces ukrainiennes dans plusieurs États membres.
Ainsi jour après jour, les pays européens prennent part à la guerre. Certes il n'y pas d'homme engagé sur le terrain, mais avec de telles livraisons d'armes fournies à l'Ukraine, ces pays aux côtés de l'Otan et de l'impérialisme américain, font de l'Ukraine leur combattant par procuration qui fournit la chaire à canon. L'Ukraine y laissera sa jeunesse et une partie de son peuple. C'est d'un cynisme insupportable.
Durant cette escalade militaire, sans fin, les bombardements russes qui ont détruit des installations depuis le début de la semaine, se sont poursuivis jeudi sur le sud et l’ouest de l’Ukraine. L'Ukraine pour sa part a également frappé les villes de Donetsk dans le Donbass et de Belgorod située dans une région frontalière de l’Ukraine où les tirs se sont multipliés ces dernières semaines. Les morts continuent donc à se multiplier des deux côtés !! Jusqu'où iront-ils ?
Les déclarations d’Emmanuel Macron sur un nécessaire retour à la table des négociations, sont donc totalement décalées avec sa stratégie guerrière et celle de l’Europe. Cela est très inquiétant devant les menaces répétées de la Russie d’utiliser l’option nucléaire ou des armes de destruction massive, sur le sol ukrainien. Devant les membres du gouvernement, des députés, des sénateurs et d’autres membres de l’élite politique russe, Vladimir Poutine avait indiqué le 30 septembre qu’il comptait « protéger notre terre par tous les moyens possibles » face aux menaces de « détruire » la Russie.
Cette bataille verbale se traduit donc avec des actes concrets des russes et des pays occidentaux entrainés par les USA.
Qui franchira la ligne rouge ? Il faut les empêcher. Cela ne peut être possible qu'avec une mobilisation géante des peuples qui exigent le cessez-le-feu, une trêve respectée et des négociations de paix sous l'égide de l'ONU pour garantir la paix et la sécurité en Europe y compris celle de la Russie !
Le président français a pour la première fois évoqué la situation en Arménie et l’agression militaire de l’Azerbaïdjan. Silencieux depuis la reprise du conflit en 2020 et les récentes attaques contre des villes arméniennes de la part de Bakou, le chef de l’État a oser rejeter la faute sur la Russie, garant du cessez-le-feu. Moscou a fustigé les propos « inacceptables » de Macron.
Il est vrai qu'entendre un tel argument pour se dégager de sa propre responsabilité, est pour le moins cynique, car nous avons toujours en tête que la France et l'Allemagne étaient les garants des accords de Minsk de 2014 et que si elles avaient assumer leurs responsabilités pour les faire respecter, l'Ukraine et la Russie n'en seraient certainement pas là aujourd'hui ni l'Europe.