31 Mars 2023
Sophie Binet a été élue secrétaire générale de la CGT. Elle est la première femme à accéder à cette fonction en 128 ans d'existence du syndicat.
Née en 1982, chroniqueuse du monde du travail pour l'Humanité magazine, cette ancienne militante de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France) a fait ses armes lors de la bataille contre le CPE, en 2006. Devenue conseillère principale d’éducation (CPE) en lycée professionnel, à Marseille puis en Seine-Saint-Denis, elle prend la tête de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict CGT) en 2018. Elle s’illustre par la défense de deux causes emblématiques : l’égalité femmes-hommes et les enjeux autour de la transformation du travail. « C’est une fierté pour nous d’avoir une femme à la tête de la confédération, souligne Alexandre Derigny. Elle possède un excellent profil, qui traduit à la fois les évolutions sociologiques du salariat et la question cruciale de l’égalité entre les femmes et les hommes. »
Après les échecs de Marie Buisson et de Céline Verzeletti, Sophie Binet est désormais la nouvelle tête de la Confédération Générale du Travail. Elle succède à Philippe Martinez comme secrétaire générale.
Marie Buisson, n'est pas parvenue à s'imposer. Le bureau confédéral qu'elle avait présentée dans la nuit a été rejeté à 6 voix près par le Comité Confédéral National (CCN). S'en est suivie une proposition portée par Céline Verzeletti à l'exécutif confédéral, sans qu'elle soit soumise au vote du CCN.
Après une nuit de discussions, une troisième proposition conduite cette fois par Sophie Binet a émergé, composée de Céline Verzeletti, secrétaire générale de la CGT de la fonction publique d'Etat, mais aussi de Laurent Brun, secrétaire général de la CGT cheminots, Catherine Giraud, secrétaire générale de l'Union Départementale (UD) de la Vienne, Nathalie Bazire, secrétaire générale de l'UD de la Manche, Sébastien Menesplier, secrétaire général de la CGT mines-énergie, Boris Plazzi, membre du bureau confédéral sortant Métallurgiste, Gérard Ré, de l'UD des Alpes-Maritimes, Mireille Stivala, de la fédération santé-action sociale, et de Thomas Vacheron, membre de la direction sortante de la CGT. Cette proposition a été adoptée par le CCN à 64 voix pour, 39 contre et 11 abstentions.
Le débat des congressistes sur la nouvelle commission exécutive confédérale (CEC), dont sont statutairement issus le bureau confédéral et la secrétaire générale, s’était déroulé dans le calme. Plusieurs intervenants avaient demandé d'élargir la proposition de CEC à de nouvelles candidatures, comme celle d’Olivier Mateu, secrétaire général de l’UD des Bouches-du-Rhône. Céline Verzeletti avait envoyé un message aux militants en donnant sa vision du travail de direction : « C’est avant tout un collectif et non une personne qui doit incarner la CGT ». Louant une organisation « plurielle », la responsable syndicale élue au bureau confédéral, avait appelé à sortir du congrès avec une CGT « unie » et « offensive ».
Le comité confédéral national (CCN) a proposé un exécutif composé de 66 noms qui a recueilli jeudi la majorité du vote des congressistes. Malgré un congrès parfois mouvementé, Sophie Binet la nouvelle dirigeante de la plus importante organisation syndicale du pays permet à la CGT de sortir par le haut de son congrès et rassemblée avec un nouveau bureau confédéral.
En plein mouvement social, la CGT est plongée dans un exercice pratique grandeur nature, alors que la prochaine date de mobilisation de l’intersyndicale est fixée au 6 avril. « Que faisons-nous durant dix jours ? » a interrogé Sébastien Menesplier, dont le syndicat, avec quatre autres fédérations (cheminots, ports & docks, verre & céramique, chimie), a impulsé des reconductions de la grève depuis le 7 mars.
En réponse à l'invitation d'Elizabeth Borne, pour le secrétaire général de la CGT mines-énergie, « jusque-là, notre mot d’ordre était de ne pas aller dans les ministères. Une rencontre avec Élisabeth Borne, on peut en discuter. Mais sur quelle base » ? Critique sur la démocratie interne, Sébastien Menesplier a souligné le travail « remarquable » de la commission sur le texte d’orientation adopté par 72.79% du congrès suite à un débat qui s’est déroulé dans une ambiance fraternelle et apaisée.
Le visage d’une CGT unie. sur la scène de la Grand Halle d’Auvergne de Clermont-Ferrand ce vendredi en fin de matinée, Natacha Pommet, secrétaire confédérale qui préside la séance, a demandé aux congressistes de «se lever tous pour notre camarade secrétaire générale Sophie Binet». Le millier de congressistes réunis scande «tous ensemble, tous ensemble». Après 5 jours de débats, le 53e congrès du syndicat proclame la nouvelle secrétaire générale de la centrale de Montreuil.
Sophie Binet a pris alors la parole : «Je voudrais qu’on s’applaudisse tous. On a vécu un congrès difficile, compliqué, et on a su par notre sens des responsabilités collectives surpasser les difficultés. Je suis sûre qu’on réussira à sortir avec une CGT largement rassemblée pour répondre à tous les défis qui sont les nôtres.»