4 Octobre 2023
Indigeste avant de nous contraindre à la diète, la concentration du capital représente tout ce qu'il y a de plus brutal dans le capitalisme contemporain. Ce phénomène s'accélère en temps de crise et permet aux grands détenteurs de capitaux de faire croître leurs marges et leurs profits.
Ce sont évidemment les salarié qui en paient le prix fort
Les restructurations dans un certain nombre de secteurs, qualifiés ironiquement de plan de sauvegarde de l'emploi alors qu 'elles les détruisent, profitent à ce qu'on appelle les « gros » ou maladroitement les ultra riches...
Derrière tous les dossiers de délocalisations, les licenciements, les faillites, se trouvent des fonds d'investissement ou des mal nommés « capitaines d'industrie », qui organisent des monopoles de fait dans certains secteurs. Derrière les filiales ou des cascades de sous-traitants, ce sont des secteurs entiers sous le contrôle d'un ou deux leaders : le sacro-saint principe de concurrence libre et non faussée peut être bafoué sans problème quand il s'agit de rémunérer le capital, mais il reste valable pour attaquer les entreprises publiques.
La financiarisation de l'économie dans toute sa splendeur se matérialise par les drames sociaux à Camaïeu, Go Sport, Valdunes ou Clestra.
Tout cela sans compter les stratégies d'optimisation fiscale.
Les conséquences sociales sont terribles. Les inégalités n'ont jamais été aussi criantes depuis l'après-guerre. Les dividendes du CAC40 ont atteint 67,5 milliards d'euros en 2022, quand 25 % de nos concitoyens font des sacrifices alimentaires du fait de l'inflation.
Après que la part du patrimoine hérité est aujourd'hui de 60 %, contre 34 % en 1970, la part revenant au travail a chuté de 10 points en quarante ans, représentant 250 milliards pris au camp du travail.
Augmenter les revenus de celles et ceux qui vivent difficilement des bas salaires, des minima sociaux, par le salaire et la cotisation, c'est enrayer cette spirale inégalitaire. La bataille autour de la répartition de la valeur ajoutée, sujet de négociation intense cette année, doit être amplifiée.
Ce ne sont pas des primes ni d'intéressement, et encore moins des chèques alimentaires ou d'énergie, que les salariés acceptent légitimement au regard de la situation, qui suffiront à terme.
Combattre la concentration du capital et sa logique financière, c'est aussi se donner les moyens de reprendre la main de notre avenir. Ce sont les investissements de demain qui sont possibles pour la planification écologique et la relance industrielle, alors que le capital ne songe qu'à se gaver sans penser au lendemain ; Ce sont surtout des nouveaux pouvoirs aux salariés dans l'entreprise, qui doivent être arrachés pour redonner du sens au travail et établir une autre répartition entre le capital et le travail.
Cette concentration économique touche aussi le secteur des médias, détenu à 90 % par quelques milliardaires. Secteur que les libéraux qualifient de « trop à gauche », plaçant même le « Journal du dimanche » -média relais de la théorie fumeuse du grand remplacement - , au centre droit (sic)…
La concentration doit être combattue par une nouvelle loi antitrust, sous peine de précariser aussi davantage les travailleuses et travailleurs de l'information.