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TOUJOURS PLUS INEGALITAIRE !

« Choc des savoirs » : Attal met à mort le collège unique pour une école toujours plus inégalitaire

Au motif de redresser le niveau scolaire, Gabriel Attal annonce de fait la fin du collège unique et le renforcement de la sélection à l’entrée du lycée. Après avoir fermé les facs aux enfants des classes populaires avec Parcoursup, le gouvernement adapte le reste du système scolaire à la sélection à tout âge.

Ce mardi 5 décembre, profitant de la publication des résultats de l’enquête PISA, Gabriel Attal a annoncé ses mesures pour l’école : fin du collège unique et classes de niveaux, passage au lycée conditionné à l’obtention du brevet, simplification des apprentissages pour les élèves en difficulté, etc. Des annonces opportunistes qui servent à légitimer une offensive violente contre l’école publique.

Des attaques d’ampleur contre une école pour tous

Maniant avec habileté une rhétorique démagogique en menant une offensive médiatique opportuniste, Gabriel Attal a annoncé ce mardi une série de mesures radicales qui actent principalement la fin du collège unique, le renforcement de la sélection à l’école et l’accentuation des inégalités par la différenciation des niveaux. Profitant en effet du reclassement de la France dans l’enquête PISA, Gabriel Attal veut faire de la lutte contre la baisse du niveau dans les savoirs fondamentaux son cheval de bataille. La solution phare : mettre fin au collège unique. En effet pour le ministre, « mettre fin au collège uniforme, c’est mettre fin aux inégalités d’apprentissage au sein des classes ». Ainsi, dès la rentrée de septembre 2024, les élèves de 6e et de 5e seront répartis en trois groupes de niveaux pour les enseignements de français et de mathématiques. Pour les classes de 4e et de 3e, la mesure sera effective à partir de la rentrée de septembre 2025.

Alors que le ministre prétend vouloir réduire les inégalités scolaires, le système des classes de niveau vient approfondir la réalité structurelle d’une école à plusieurs vitesses, en enfermant les élèves dans un système de reproduction des inégalités socio-économiques, dont la France est déjà la championne à l’échelle internationale, comme le souligne l’évaluation PISA. Cette mesure, loin de favoriser les apprentissages des élèves les plus en difficulté, contribue à renforcer la logique d’une école à deux vitesses, une école pour l’élite et une école pour les pauvres.

Pour Attal, les élèves en difficulté, qui s’avèrent aussi être les plus socialement défavorisés, seraient ceux qui « tirent vers le bas » les élèves qui pourraient « s’envoler ». Le ministre propose ainsi de nouveaux programmes qui s’appliqueront à l’école primaire pour les classes de la maternelle au CE2 dès septembre 2024 reposant sur deux principes « la simplification et la clarification ». Il met également à l’étude la possibilité de rajouter des heures de mathématiques et de français pour les élèves en difficulté au collège, au prix de la suppression d’heures dans les autres matières.

Destruction du collège unique d’un côté, et logiquement, à l’arrivée, sélection accrue à l’entrée du lycée. Le passage du collège au lycée sera désormais conditionné, non pas seulement au passage à la classe suivante, mais aussi à la réussite du brevet dès l’année 2024-2025. Pour ceux qui auront échoué à l’obtenir, Gabriel Attal impose une classe de « prépa lycée ». Après les réformes renforçant la sélection à l’université avec Parcoursup, Gabriel Attal adapte la base de la pyramide du système éducatif pour écrémer dès la fin du collège. Mais Attal n’est pas pince, il veut redorer le blason des filières de CAP et y met les moyens ! Le diplôme de CAP disposera désormais… de mentions « assez bien », « bien », « très bien ». Une mesurette ridicule qui illustre bien la politique éducative sous Emmanuel Macron, pensée pour les premiers de cordée au détriment des classes populaires.

Redresser le niveau en renforçant les mécanismes de l’école à deux vitesses

Gabriel Attal compte sur l’effet de choc des résultats de l’étude PISA pour faire passer cette revendication historique de la droite qu’est la fin du collège unique. En effet, l’étude donne à voir l’impact de la suspension des cours lors de la pandémie de Covid-19 par une baisse généralisée du niveau scolaire dans les différents pays où le test est appliqué. Une aubaine pour le ministre qui doit tout de même veiller à flatter et amadouer les enseignants.

« C’est avec les professeurs, par les professeurs, grâce aux professeurs, que nous relèverons le défi de l’élévation du niveau » a ainsi affirmé le ministre. En revenant sur la question du redoublement en affirmant que « les familles n’auront plus le dernier mot pour le redoublement » ou encore en laissant à la discrétion des professeur.e.s l’obligation pour les élèves en difficulté de faire des stages pendant les vacances, Attal remet au centre la question de « l’ordre » à l’école. Alors que l’évaluation PISA montre que parmi les élèves interrogés 3 sur 15 se plaignent de ne pas pouvoir travailler à cause du bruit pendant les cours de mathématiques, les annonces du ministre instrumentalisent ces réponses pour renforcer une rhétorique du retour à l’ordre au profit de la réussite des bons élèves. Aux enseignant.e.s d’être les exécutants de ces mesures antisociales et excluantes pour les élèves en difficulté.

A l’appui de ces annonces, Attal propose des investissements à la petite semaine. « Plusieurs milliers de postes » seraient progressivement ouverts pour augmenter les effectifs du corps enseignants notamment à destination des groupes de niveaux mais aussi des prépas-lycée, visant à remettre à niveau les collégiens qui auraient échoué au brevet. « Un nouveau schéma d’emploi » qui serait effectif d’ici la rentrée 2024 mais qui s’annonce d’ores et déjà insuffisant pour combler le manque drastique d’effectifs d’enseignant.e.s.

Derrière ces mesures autoritaires, Attal se place dans la droite ligne de la réforme du lycée professionnel visant à faire des élèves de la « chair à patron ». Sous couvert de résorber les inégalités, les politiques annoncées les creusent et condamnent toujours plus les élèves en difficulté et les plus précaires. Profitant de la crise actuelle, les mesures du gouvernement constituent clairement un saut dans l’approfondissement des avancées néolibérales et mettent au service de l’économie et des patrons les élèves jugés inaptes ou qui ne seraient pas faits pour les filières générales. Des savoirs élémentaires pour des élèves seulement bons à être servis sur un plateau au patronat.

Face à ces attaques, les organisations syndicales doivent préparer la mobilisation

En réaction à ces annonces, les organisations syndicales qui s’étaient déjà montrées défavorables le 5 octobre dernier, à l’exception du SNALC, ont dénoncé les attaques faites à l’encontre du collège unique. Pour Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, ces annonces sont « inefficaces », et constituent « une sérieuse entaille au collège unique ». L’annonce de la création de groupes de niveaux « éloigne de l’idée de faire réussir tous les élèves ensemble ». Pour le SE-UNSA, « c’est duper les élèves et leurs familles ». Un discours qui dénonce mais qui ne propose aucune alternative et aucun plan d’action pour s’y opposer. En effet, aucune direction syndicale n’a pour le moment appelé à se mobiliser.

Alors que le ministre clame que la baisse des performances des élèves notamment en mathématiques ne serait pas liée à « la politique éducative menée depuis 2017 par les gouvernements qui se sont succédé depuis l’élection du président de la République », personne n’est dupe. La stratégie de communication visant à dédouaner le gouvernement Macron ne fait que confirmer la poursuite des mesures néolibérales et réactionnaires pour l’école, depuis longtemps terrain d’expérimentation de politiques profondément inégalitaires.

Ces mesures calquées sur un schéma élitiste, ne sont que la continuité d’une logique de nivellement et de séparation, qui loin de faire disparaître les inégalités contribue au contraire à les renforcer en favorisant la réussite de ceux qui sont déjà favorisés. Contre cela, il ne s’agit pas de prôner le statu quoi ou le retour à un collège unique qui incarnait en réalité déjà ce système d’une école à deux vitesses. Au contraire, il faut revendiquer le retrait immédiat du projet « choc des savoirs » à l’école, lutter pour plus de moyens, des réductions d’effectifs en classe et des embauches massives d’enseignant.e.s. Contre ces mesures qui visent à séparer les élèves précaires en difficulté de ceux qui peuvent réussir, il faut lutter contre la régression vers une école à plusieurs vitesses qui entérine les inégalités, divise les élèves et les spécialise dès le plus jeune âge à la fonction que le patronat veut leur attribuer pour le reste de leur vie.

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