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GUS , UN CAMARADE EXEMPLAIRE :

Gustave Durand, dit « le Gus », avait 100 ans.   Photo Rémi Langlois

Auguste Durand s’en est allé
Sa famille et ses amis avaient fêté ses 100 ans le 14 janvier dernier. Les Amis de la résistance perdent un humaniste, un syndicaliste, un communiste, un amoureux de la nature, un artiste peintre, un écrivain, un sage.

Auguste est né le 14 janvier 1924 à Saint-Seine (Nièvre). Avec ses parents et ses deux frères, ils arrivent à Bourbon en 1929. Farouches opposants aux nazis, résistants, Marcel est arrêté et François déporté. Auguste combattra jusqu’à la fin de la guerre. En 1946, il rentre à l’usine Puzenat et y fait toute sa carrière en tant qu’ajusteur outilleur jusqu’à l’heure de la retraite en novembre 1981.

Il résidait rue de Bellevue. À proximité de son jardin, un petit local. Son autre jardin, pas secret puisqu’ouvert à tous, c’est le repaire d’Auguste. Son atelier de peinture, son lieu favori, où il venait se reposer, méditer, et coucher sur de grands cahiers à spirale ses souvenirs, anecdotes et autres pensées de sa longue vie pour, disait-il « laisser un héritage moral à sa fille Brigitte, son gendre Jean-Louis et leurs quatre enfants ».

Outre son professionnalisme, fervent défenseur de la condition ouvrière, il s’attacha syndicalement. « Ce qui me vaudra bien des déboires, mais qui ne changeront rien dans mes convictions », disait-il. Des ennuis de santé à 60 ans lui firent changer avec courage et volonté son hygiène de vie.

Il se levait à 5 h 45, partait faire ses 6 km quotidiens, s’occupait de son jardin, allait à la pêche – sa passion. Peindre « lors des mauvaises saisons » de magnifiques paysages locaux. Personnage ô combien attachant, le Gus a supporté son veuvage avec courage.

L’Anacr (Les amis de la Résistance) comptait deux centenaires parmi sa dizaine d’adhérents, elle en a perdu un, mais ils continueront de raviver la mémoire de ceux qui ont libéré la France. Ses obsèques ont eu lieu lundi à Bourbon-Lancy.

Gus nous a fait un dernier cadeau, réunir  plus de 200 personnes, reflet de la variété culturelle de Bourbon. plus de 200 personnes qui l'aimaient .. Au nom de l'ANACR , du Parti Communiste et de la CGT nous remercions Gérard Bassler qui a organisé le côté patriotique de la cérémonie d'adieux, les porte-drapeau et surtout Michèle qui a remplacé Henry,11 drapeaux! quelle reconnaissance! pour les obsèques de Marcel, il n'y en avait qu'un. (honte aux Bourbonniens de l'époque). Nous remercions les élus, les jeunes, les voisins et sa voisine dont j'ai perdu le prénom mais qui pleurait à la sortie du temple

Gus,

 

Pour nous tu étais éternel, malheureusement nous découvrons que tu étais aussi un homme.

Mortel comme tous les hommes et nous sommes profondément tristes de ne plus te savoir près de nous.

Né dans la campagne de Saint-Seine, tu es resté pendant un siècle proche de la terre et de la nature . Jusqu’au bout tu as bêché ton jardin ! Et quel jardin ! Pas une visite chez toi sans que nous ne ramenions des tomates , un melon ou des kiwis. C’est l’an passé que nous t’avons trouvé sur une échelle taillant un arbre fruitier malgré la défense de tes enfants .

La nature c’est aussi la pêche, le Lot, le Tarn, la Loire, la Loire surtout, ton fleuve. Tu aimais toute la nature mais la Loire, passionnément, à tel point, qu’en autodidacte, tu es devenu un peintre renommé de ce fleuve royal. Tu as eu des expositions à Bourbon, dans tout le département et même jusqu’à Saint-Afrique près de Millau.

 

Tu as 20 ans le 14 janvier 1944, le lendemain de l’arrestation du maquis de Maringes, ton frère Marcel est capturé, il est conduit au camp de Mauthausen d’où il ,reviendra très affaibli, ton plus jeune frère, François est aussi déporté , il mourra ua camp de Neuengamme, à ton tour tu t’engages dans la Résistance, au groupe Michel, à Clessy, puis au groupe Georges. Après la bataille d’Autun en septembre 44, tu restes auprès du lieutenant Georges, commandant du comité de libération de Bourbon. Il y a 20 ans tu nous racontais combien tu admirais le lieutenant Georges, ce juif autrichien qui libéra la France.. Incorporé dans le 8e Bataillon de chasseurs à pied tu intègres le 135e RI encerclant les poches de l’Atlantique du côté de Royan.
La victoire enfin acquise sur le nazisme, tu retrouves le quartier de Saint-Denis et l’usine.

François ne revient pas, ta mère que tu as recueillie, sera inconsolable et espérera toujours le revoir.

Il faut dire que tu as eu la chance d’être entouré de femmes exceptionnelles . : avec ta mère, Anne-Marie, ton épouse, une « Nannie » toujours souriante et accueillante, Brigitte, ta fille, qui te donna 4 petite-enfants. Quel bonheur pour toi d’aller les applaudir au stade de Saint-Denis !

Cet entourage affectueux te sera bien utile dans les luttes syndicales. Tu dois affronter la maffia du syndicat maison , un exemple que tu nous as livré : « Quand Joseph Vincent demandait audience auprès de la direction, il me demandait de l’accompagner, le patron refusait ma présence, Joseph quittait alors le bureau, le patron nous rappelait tous les deux ; » La presse a relaté combien tu fus un des héros de mai 68 à l’usine, un film même t’a mis en scène, à l’occasion de la sortie de ce film tu as signé des autographes !un roman évoque aussi un personnage qui te ressemble.

Ajoutons que de 1977 à 1989 tu fus un conseiller municipal assidu et exemplaire apportant la sagesse au milieu de débats parfois un peu trop houleux.

 

Alors , Gus Durand,une vedette ! Non ! Tu es le contraire, un exemple de modestie. Si tu as écrit tes mémoires c’est pour laisser un héritage moral à te petits-enfants et arrière-petits-enfants. N’empêche que tu nous laisses à nous tous un immense héritage. Celui de l’amour de la nature, de l’amour de la vie, de l’amour de la liberté,de l’amour des autres.

Merci Gus.

 

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