25 Juin 2024
Parce que le rapport de force a changé
Les législatives anticipées de 2024 n’ont rien du remake du scrutin de 2022. Le bloc macroniste n’aborde cette fois pas l’élection avec le vent dans le dos, à la suite de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, mais très affaibli par la gifle électorale des européennes. Le RN, lui, cherche à faire fructifier son score large. Résultat, si le rapport de force issu du 9 juin se confirme dans chaque circonscription, 536 duels sur 577 « circos » pourraient opposer la gauche à l’extrême droite. Renaissance pourrait disparaître entre les deux blocs, avec une quarantaine de députés qualifiés pour le second tour. Un exercice de projection qu’il convient de nuancer, compte tenu des dynamiques d’implantation locale, mais qui a le mérite de montrer l’affaiblissement critique du camp présidentiel.
Emmanuel Macron, lui, s’accroche à son « indécrottable optimisme » et peste contre « l’esprit de défaite » qui saisit certaines de ses troupes. Aux abois, le chef de l’État en est pourtant rendu à faire du chantage avec les jeux Olympiques, en appelant les Français à « intégrer les JO dans leur vote », ou à emboîter le pas au RN en taxant le programme du Nouveau Front populaire de « totalement immigrationniste ».
Un cynisme pitoyable, comme un écho à celui du RN, qui renie une à une ses mesures prétendument sociales pour draguer la bourgeoisie. Face à l’ultra-libéralisme et à sa version augmentée en racisme et en xénophobie, la gauche a rendez-vous avec l’histoire. Elle en a le devoir.