11 Juillet 2024
Emmanuel Macron n’est pas amnésique, il se moque de la réalité. Le président de la République et sa toute petite minorité parlementaire se complaisent depuis dimanche à tordre le verdict des urnes. La victoire surprise du Nouveau Front populaire (NFP) a pour eux un goût de cendres.
Plutôt que d’en prendre acte, et au mépris du vote des citoyens, voilà que le locataire de l’Élysée se complaît dans le déni et joue la montre. Surtout, il parie sur les divisions à gauche pour garder la main au Palais Bourbon, alors que la session parlementaire du 18 juillet arrive à grands pas. Les magouilles se déchaînent avec la complicité active de certains « Républicains » pour fermer les portes de Matignon au NFP. Ces bas-fonds politiciens n’ont rien à voir avec le jeu habituel du parlementarisme.
Le chef de l’État refuse de tirer les leçons d’une dissolution précipitée, pathétique, qui aurait pu conduire l’extrême droite au pouvoir si la gauche n’avait pas fait preuve d’une grande responsabilité.
Le président et ses députés doivent tout au NFP et à de larges secteurs de la société – syndicats, intellectuels, ONG – qui ont pris l’initiative d’un formidable barrage républicain.
Jamais Ensemble et ses alliés n’auraient pu obtenir autant d’élus sans les désistements des candidats du Nouveau Front populaire. On ne peut en dire autant de la Macronie : les résultats dans les circonscriptions où elle s’est retirée sont là pour en attester. Les électeurs de gauche n’ont pas utilisé le bulletin des représentants de l’injustice sociale pour finir par se faire ainsi flouer.
La minorité présidentielle veut s’adjuger l’exécutif en niant la portée politique du barrage républicain comme la volonté de changement exprimée avec le NFP.
Pour tenter de justifier son braquage démocratique, elle explique qu’elle n’aurait pour seule boussole que le bien-être et le pouvoir d’achat des Français. L’argument est insultant, après sept années de démolition sociale, économique, écologique. Ces politiques ont dopé le vote RN. L’extrême droite se repaît aujourd’hui des manœuvres d’appareil en cours. Pour déjouer le coup de force en gestation, une irruption populaire est indispensable.