28 Août 2024
Refusant de nommer Lucie Castets première ministre, le chef de l’État tente un nouveau coup de force pour garder le manche. Il est aidé dans sa quête par l’extrême droite, qui ne promet pas la censure à un gouvernement libéral.
En balayant l’hypothèse du NFP à Matignon, Macron a prouvé que tout vaut mieux à ses yeux qu’un gouvernement qui détricoterait sa réforme des retraites et menacerait les plus riches et le capital. The Guardian n’a pas pris de détours, lundi soir, pour résumer la situation politique en France : «Le chaos». Seul Patrick Martin le patron du Médef, affirme être ouvertement «rassuré» par l’éviction du NFP.
De fait, en annonçant par communiqué qu’il était hors de question de constituer un gouvernement issu du Nouveau Front populaire, alors même que celui-ci est arrivé en tête aux législatives, Macron a prouvé que les soi-disant «consultations» engagées depuis vendredi n’étaient qu’un leurre, et achevé de ruiner son capital confiance.
Il a déchaîné la colère de toutes celles et tous ceux qui, dans leur grande majorité, ont indiqué par leur vote le 9 juin qu’ils voulaient une autre politique, et ouvert une période d’incertitudes majeures, alors que les Jeux paralympiques s’ouvrent ce mercredi, et que la rentrée scolaire se prépare dans une ambiance de plomb avec une ministre démissionnaire.
Le secrétaire national du Parti communiste a dénoncé en termes forts la décision de Macron de ne pas nommer à Matignon Lucie Castets et a appelé à la mobilisation populaire face à la "déclaration de guerre du chef de l'Etat".
Macron envisagerait même de consulter Nicolas Sarkozy et de déjeuner avec François Bayrou. Il ne sait plus comment s’extraire du piège dans lequel il s’est lui-même enfermé.
Mais à ses yeux, tout vaut mieux que la gauche au pouvoir qui détricoterait sa réforme des retraites passée au forceps et menacerait les plus riches et le capital qu’il ne cesse de favoriser depuis son arrivée au pouvoir.
Cette incertitude et cette inquiétude vont bien au-delà du court terme. Vu l’ampleur de la crise politique ouverte par le chef de l’Etat, il est fort probable que les Français devront retourner aux urnes d'ici un an. Et vu le peu de cas qui est fait de leur vote, on peut craindre que les électeurs, cette fois, ne se déplaceront pas, au risque de laisser l’extrême droite emporter la mise.
A moins, que le peuple se dresse rapidement et massivement pour ne pas laisser faire un tel coup de force anti-démocratique et pour exiger que leur vote soit respecté.
C'est tout le sens de l'appel des organisations de jeunesse, l’Union étudiante et l’Union syndicale lycéenne, à manifester de partout dans le pays le samedi 7 septembre. Déjà de nombreuses organisations politiques comme La France Insoumise appellent à participer à ces manifestations. Les communistes en seront tout comme Les Ecologistes "parce qu’on ne se laissera pas voler cette élection", a lancé Marine Tondelier.