24 Octobre 2024
La crédibilité du RN en matière sociale est nulle. L’inscription d’une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites dans leur niche parlementaire est une pure démarche d’opportunisme politique, visant à gêner la gauche. Pour ma part, il n’en est rien. Tenons haut le drapeau du combat social, au service des travailleuses et des travailleurs de notre nation. Votons en faveur de la proposition de loi sur l'abrogation de la réforme des retraites.
Le Rassemblement national (RN) est un faussaire de la question sociale.
Tel est le mot que je n’ai pas cessé de marteler à l’occasion de la dernière campagne des élections européennes.
Face à un Jordan Bardella ivre de lui-même, auréolé de toutes les gloires médiatiques, j’ai exposé les nombreuses inconséquences politiques d’un parti qui assure défendre le peuple, mais qui, dans la réalité, se dresse toujours en travers de sa route pour mieux soutenir les puissants.
Preuve en fut une nouvelle fois donnée par Jordan Bardella il y a quelques jours, au sujet de la « flat tax » instaurée par Emmanuel Macron en 2018 pour taxer moins lourdement les revenus du capital que ceux du travail. Alors que depuis des années, le RN prétend vouloir mettre quasiment fin à ce dispositif une fois aux responsabilités, le président du RN s’est opposé à son relèvement, déplorant une perte pour les « petits investisseurs qui ont pris goût à l’épargne financière notamment depuis la pandémie ».
Qui peut s’étonner d’une pareille attitude ? Personne, tant la liste des revirements du RN a désormais tous les aspects d’une fresque interminable.
Marine Le Pen défend la revitalisation de nos services publics, mais elle soutient le gouvernement Barnier qui s’apprête à faire vivre à notre pays la plus grosse cure d’austérité de son histoire récente.
Marine Le Pen s’érige en championne de la justice sociale et fiscale, mais son groupe s’oppose à l’augmentation du SMIC et au rétablissement de l’ISF.
Marine Le Pen souhaite abroger la réforme des retraites, mais elle a empêché l’accession au pouvoir du Nouveau Front populaire (NFP), la seule coalition qui avait fait de cette mesure sa priorité.
Sur les retraites, le RN s’est d’ailleurs montré prodigue en changement de pied. D’abord promoteur d’un départ à la retraite à 60 ans, puis à 62 ans, Jordan Bardella, dans un propos confus tenu durant la campagne des législatives, a avoué que certaines personnes seraient amenées à travailler jusqu’à 66 ans si son parti parvenait au pouvoir.
Pis, le RN soutient la baisse des cotisations salariales, ce qui conduira, in fine, à la fragilisation de notre modèle de retraite par répartition que nous chérissons, au profit de la retraite par capitalisation que nous réprouvons.
Ainsi, la crédibilité du RN en la matière est nulle, ce qui montre que l’inscription d’une proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites dans leur niche parlementaire est une pure démarche d’opportunisme politique, visant principalement à gêner la gauche.
Pour ma part, il n’en est rien.
Ce texte doit être appréhendé pour ce qu’il est, c’est-à-dire un moyen immédiat de mettre fin à cette réforme inique, adoptée dans des conditions antidémocratiques alors qu’elle était honnie par la très grande majorité de notre peuple, lequel s’est mobilisé en masse pour signifier son immense colère. Indépendamment de ses auteurs, il doit être pris comme une ressource pour soulager cette profonde plaie sociale qui traverse notre pays.
Je ne me suis engagé en politique pour être aux de côtés de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre. Je me bats pour améliorer la vie des gens qui ont le dos cassé et les mains brulées par une vie de labeur. J’aspire à obtenir du temps de vie supplémentaire pour des millions de femmes et d’hommes qui ont le droit à la quiétude du temps libre, en bonne santé, auprès de leurs familles et de leurs proches.
Pour autant, même si la manœuvre est grossière, je sais que le choix des députés du NFP sera difficile à faire, eu égard à la résistance implacable que nous opposons au RN. Il conviendra de le respecter. Je reste néanmoins persuadé qu’un refus d’obstacle de notre part entrainera de nombreux dommages, peut être irréversibles.
Voter cette proposition de loi ne rendrait pas le RN plus fort. Ne pas la voter rendrait la gauche plus faible.
Ne leur laissons pas le monopole du peuple et tenons haut le drapeau du combat social, au service des travailleuses et des travailleurs de notre nation.