DEFENDONS NOS TER !
Les représentants des collectifs de défense des usagers réunis autour de Kévin Mercier, le vice-président d’Adelifpaly.
Malgré le ciel menaçant, ils ont répondu à l’appel. Samedi, à 15 heures, près de 120 personnes étaient rassemblées devant la gare ferroviaire de Dompierre-sur-Besbre. Une manifestation organisée par l’Adelifpaly qui se bat depuis une dizaine d’années pour le développement de la ligne qui relie Lyon à Nevers via Paray-le-Monial et Moulins. « Mais aujourd’hui, on se bat pour sa survie, confie Philippe Blondeau, secrétaire adjoint de l’association. Je suis de nature optimiste mais l’enjeu, c’est vraiment qu’elle ne ferme pas. »
Car si le collectif alerte depuis des années déjà les élus et les habitants sur l’état inquiétant de ce tronçon emprunté par plusieurs centaines de voyageurs chaque jour, le dernier CPER (contrat de plan État-Région) a renforcé encore ses inquiétudes.
200 millions d’euros ?
« Si aucun financement n’arrive d’ici 2027, la ligne fermera, assure Kévin Mercier, le vice-président. SNCF Réseau a annoncé qu’il faudrait pratiquement 200 millions d’euros pour rénover les 30 km qui posent problème entre Gilly-sur-Loire et Paray. Ça nous parait beaucoup trop, la Région a demandé une contre-expertise , on attend les conclusions. »
Si une telle somme s’avérait nécessaire, l’association ne voit pas qui pourrait la prendre en charge. « La Région Bourgogne-Franche-Comté dit vouloir développer le train mais elle a dit aussi qu’elle n’avait pas les moyens de payer, se désole Kévin Mercier. On demande que l’État participe activement au financement car cette ligne est essentielle pour l’attractivité de nos territoires. »
« Le train c’est l’avenir »
Essentielle aussi pour ses habitants qui l’utilisent quotidiennement ou plus ponctuellement. Et qui ne comprennent pas cette partie d’échecs entre les différents protagonistes. « Tout le monde se renvoie la balle et personne ne veut payer », résume une quinquagénaire qui emprunte régulièrement la ligne pour aller voir son fils à Dijon. « Le train c’est l’avenir, s’irrite un manifestant. Je suis originaire de Suisse et là-bas, pas un mètre de rail n’est parti, tout fonctionne ! »
Jean-Luc, quant à lui, réserve parfois un billet pour se rendre à Moulins. « C’est le côté pratique, dit-il. S’il faut prendre le bus, c’est plus compliqué. C’est important de conserver cette ligne pour la survie de Dompierre. Sinon ce sera le désert. »
« On va finir par mourir »
De nombreux élus du territoire avaient eux aussi fait le déplacement pour apporter leur soutien au mouvement. Maire de Dompierre-sur-Besbre, Michel Brunner faisait partie des plus remontés. « À un moment donné, il faut savoir dire stop, on nous prend vraiment pour des idiots ! On ferme déjà nos écoles, nos services publics. Je ne comprendrais pas que cette ligne ferme. On va finir par mourir si on ne se défend pas. »
Vice-présidente du Grand Charolais et élue au conseil régional, Magali Ducroiset expliquait que « des négociations sont menées actuellement entre la Région et l’État. Ces petites lignes ont été oubliées mais elles sont indispensables pour le territoire et ses usagers ». Député de l’Allier, Yannick Monnet se disait « fier et surpris d’une telle mobilisation. Il est absolument inimaginable d’envisager fermer des lignes de proximité, c’est une forme de mépris. On a besoin de transport collectif et vertueux, il faut que l’État et les collectivités investissent ».