LA GUERRE OU LA PAIX ?
La Russie reste vigilante sur la diplomatie menée par Donald Trump, notamment sur le dossier ukrainien. Mais le rapprochement opéré depuis un mois s’accélère. Durant cette période, Vladimir Poutine apparaît en position de force et souhaite, avant tout cessez-le-feu, régler les causes profondes du conflit.
La suspension de l’aide militaire à Kiev confirme un basculement stratégique des États-Unis sur l’Ukraine entamé depuis un mois par Donald Trump. L’accélération diplomatique souhaitée par le président américain a été concrétisée, le 12 février, lors du premier échange téléphonique officiel avec son homologue Vladimir Poutine. Cette séquence a ouvert de nouvelles relations avec la Russie et marqué un processus de dégel.
Le rythme effréné de la dynamique surprend à Moscou. Les autorités russes restent prudentes, peu habituées à un alignement de Washington sur leur politique étrangère. « Si les États-Unis cessent d’être (un fournisseur militaire de l’Ukraine) ou suspendent ces livraisons, ce sera probablement la meilleure contribution pour la paix », a réagi ce mardi, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov qui s’interroge sur les « détails » et la véracité d’une telle démarche, car le « volume principal » de l’aide militaire à l’Ukraine « est venu jusqu’à présent des États-Unis », note-t-il.
Une normalisation qui s’accélère
Surtout, cette nouvelle décision traduit la volonté de Donald Trump de mettre rapidement un terme à la guerre. « Seulement les Russes ne veulent pas d’un accord cosmétique et rappellent la nécessité de régler les causes profondes du conflit (Otan, sécurité collective, démilitarisation…). La poursuite sans le soutien des États-Unis est le scénario idéal pour Vladimir Poutine. L’armée russe pourrait atteindre ses objectifs et l’Ukraine être contrainte de capituler. Mais, pour l’heure, le cessez-le-feu et le déploiement des troupes sont des non-sujets. Car le président russe n’en veut pas », explique le directeur de l’Observatoire franco-russe, Arnaud Dubien.
La normalisation des relations avance après les deux séries de pourparlers en Arabie saoudite et en Turquie. Les négociateurs américains et russes pourraient se réunir à nouveau dans les prochains jours afin d’évoquer la levée des sanctions américaines qui visent Moscou. La Maison-Blanche a donné pour instruction au département d’État et au ministère des Finances de soumettre une liste de sanctions qui peuvent être atténuées dans le cadre des négociations. « Bien sûr, si nous parlons de normalisation des relations bilatérales, alors celles-ci devraient être libérées de ce fardeau négatif que sont ces sanctions », a confirmé Dmitri Peskov.
Le quotidien russe Izvestia confirme que la future rencontre entre Poutine et Trump à Riyad devrait être bientôt annoncée et s’interroge sur la « reconfiguration de l’ensemble du système des relations internationales ».
Dans ce rapprochement diplomatique, la Russie pourrait servir d’intermédiaire entre l’Iran et les États-Unis sur la question du nucléaire. Pour le journal proche du pouvoir, ce basculement traduit « une crise profonde dans le camp occidental » avec une Europe qui, sans le « parapluie » américain, sera contrainte « de rechercher un nouvel équilibre » dans les relations avec la Russie.
Mais sur le cessez-le-feu partiel des Européens, Izvestia prévient que « la Russie n’acceptera pas leur plan pour une trêve partielle » et qu’« il est peu probable que Moscou discute sérieusement de la paix avec les dirigeants qui fixent encore comme objectif la défaite stratégique de la Russie ».
Il serait temps en Europe et en France que l'objectif d'une paix rapide, juste et durable en Ukraine soit réaffirmé au détriment d'une posture guerrière, de surarmement, d'une économie de guerre insupportable et de la recherche de la poursuite d'un conflit militaire sans vainqueur possible et qui fera de nouvelles victimes et horreurs.