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Consommateurs et paysans, tous étranglés

La visite de Bruno le Maire, Ministre de l'Agriculture, à Poisson sur une exploitation de la filière bovine du bassin allaitant charolais, alors que la Saône et Loire en compte 2600 spécialisées dans cet élevage; a été l'occasion pour ces éleveurs particulièrement malmenés cette année, de rappeler fortement au ministre la situation de plus en plus précaire dans laquelle ils se trouvent, depuis trois ans maintenant...

 Comme par hasard, le décret homologuant le cahier des charges de l'appelation d'origine contrôlée, l'AOC " Boeuf charolais" a été publié au Journal Officiel de la République Française le jour-même de la tournée du ministre...

 Un autre jeune ministre de l'Agriculture Hervé GAYMARD, venu en 2003 à Vitry en Charollais avait déjà fait des promesses aux agriculteurs, certains d'entre eux étaient confiants dans les propos rassurants du ministre de l'époque, d'ailleurs contraint à démissionner en 2005, pour le loyer exorbitant de son appartement de fonction payé par le contribuable...

 Apparemment, cette fois, il faudra plus que des effets d'annonces ou des promesses pour redonner espoir à la filière bovine.  De plus en plus de familles n'accèdent plus à une alimentation correcte même en recourant aux dons et achats obtenus des associations caritatives, et des ménages encore plus nombreux font désormais du budget alimentation l'ultime variable d'ajustement de leurs dépenses mensuelles.  Le gouvernement actuel, avec notamment le vote en 2008 de la Loi de modernisation de l'Economie (LME) après un tête à tête avec Michel Edouard Leclerc devait selon les promesses du Président de la République, faire baisser les prix.  Cette Loi n'a pas fait baisser les prix, sauf les prix agricoles à la production.  En introduisant une sorte de négociation permanente des prix, elle a multiplié les perversions dans les relations entre fournisseurs et acheteurs au profit des seconds.  Ainsi, une centrale d'achat d'un distributeur français peut en important d'Allemagne des côtes de porc, du steak de vache de réforme, du lait de consommation courante, stopper ou réduire considérablement ses achats chez les fournisseurs hexagonaux pour les contraindre à s'aligner sur son offre qui, de plus, peut-être inférieure aux prix allemand...   Les politiques européennes d'importations tous azimuts de produits en provenance des pays tiers, la relance des accords Europe-Mercosour auxquels le ministre se dit opposé en attendant sans doute de capituler, conduisent les transformateurs à moins payer les producteurs.

 Celà explique pourquoi les prix des produits agricoles aussi varié que la viande bovine, le lait, les fruits et légumes, les vins de moyenne gamme ne peuvent pas être vendus à un prix suffisamment rémunérateur pour permettre aux producteurs de vivre de leur travail.  Quand des produits comme la pêche, la fraise ou le melon sont vendus à des prix rémunérant correctement le producteur, avec une marge raisonnable du distributeur, le trop faible pouvoir d'achat ne permet pas à de nombreux consomateurs l'accès à ces produits.  Il en va de même pour les produits labellisés d'origine animale.  Voilà comment la baisse du pouvoir d'achat accentue la crise agricole et accélère la ruine des paysans.

 L'agriculture française est à la croisée des chemins.  L'excédent du commerce agricole du pays se dégrade d'année en année, l'endettement d'une majorité d'exploitants sous-rémunérés plombe la compétitivité de la ferme France.  Les politiques de contractualisation mise en place par Bruno Le Maire avec la Loi de Modernisation de l'Agriculture et de la pêche (LMAP), présentée comme le grand débat, l'un des projets phare du quinquenat Sarkozy ne font pas une politique agricole.  Cette Loi ne marchera pas tant que le circuit déloyal de la grande ditribution ne sera pas remise en cause.

"C'est un brouillard jeté aux yeux des paysans".    Si la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), prévue pour 2015 confirmait ses nouvelles orientations marquées par l'abandon d'une PAC régulatrice des marchés agricoles, elle constituerait une dérive libérale supplémentaire, pourtant à l'origine de la crise actuelle.

 N'en déplaise à l'hôte du ministre, le Député Jean-Marc Nesme, ce n'est pas en chantant sur tous les tons aux agriculteurs ou aux consommateurs que l'on prend en compte leur désarroi ou leurs difficultés qu'une réponse réelle à la crise structurelle qui frappe l'agriculture est apportée par le gouvernement, enfermé dans une idéologie destructrice.   

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