Voici un article écrit par un ami sur l'anticommunisme et ses effets pervers.
L’anticommunisme est une arme idéologique contre les acquis de la classe ouvrière
L’idéologie anticommuniste, car il s’agit bien d’une idéologie, n’a cessé de gagner du terrain depuis la chute du mur de Berlin il y a 30 ans. C’est la marque non seulement de la droite libérale et conservatrice, mais aussi d’une bonne partie de la gauche social-démocrate. Il est de bon ton dans bien des milieux intellectuels de dénigrer en bloc le communisme, voire de le considérer comme une idéologie criminogène (dixit le tristement célèbre Livre noir du communisme). On n’en finit plus de publier des livres qui dépeignent Lénine comme un bourreau, un dictateur assoiffé de sang et qui présentent la Révolution d’Octobre comme un triste coup d’état orchestré par une poignée de fanatiques.
Le bilan des pays autrefois socialistes comme l’URSS et les pays d’Europe de l’Est est vu comme étant globalement négatif et n’ayant été qu’une longue suite de crimes et de violations des droits humains. La réalité est pourtant beaucoup plus nuancée que ce portrait totalement manichéen. Non pas que nous devons considérer que le « socialisme réel » était paradisiaque. Il y a eu bien des erreurs et des fautes graves qui furent perpétrées lors de la construction du socialisme, tant en URSS qu’en Europe de l’Est, en Chine, au Vietnam, etc. Nous devons tirer des leçons des aspects négatifs qui existaient dans les pays socialistes pour ne pas répéter les mêmes erreurs à l’avenir.
D’un autre côté il y a eu aussi bien des aspects positifs dans les régimes socialistes, au niveau notamment des acquis sociaux de la classe ouvrière. La sécurité d’emploi était généralisée, le coût des loyers ridiculement bas, tout comme celui des transports en commun, la proportion de femmes sur le marché du travail était très élevé, les garderies étaient facilement accessibles pour les enfants d’âge préscolaire et l’éducation était gratuite à tous les niveaux. Les protections sociales étaient donc très importantes et la restauration du capitalisme représenta une débâcle majeure pour les droits et les acquis des travailleurs et des travailleuses. Le droit à l’avortement libre et gratuit était garanti dans la plupart des pays socialistes et les femmes de la République démocratique allemande (RDA) l’obtinrent bien avant leurs contreparties de l’Allemagne de l’Ouest.
Le journaliste et militant communiste français Henri Alleg a bien décrit dans son livre Le Grand bond en arrière, publié pour la première fois, en 1997 les conséquences catastrophiques de l’effondrement du socialisme en URSS (1). C’est un capitalisme sauvage de type mafieux qui s’empara du contrôle de l’économie soviétique en alliance avec les multinationales occidentales et les institutions prédatrices et contrôlées par l’impérialisme américain comme le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale. Alleg a qualifié la privatisation massive de l’économie des pays de l’ex-URSS du « plus grand hold-up de tous les temps ». La nostalgie des bienfaits du socialisme était palpable au sein du peuple qui se sentait floué et trahi par ceux qui lui avaient promis le paradis avec la restauration du capitalisme. En même temps Henri Alleg était très conscient des problèmes qui avaient cours dans les pays socialistes et des graves erreurs qui furent commises par les dirigeants, et pas seulement Staline, et il ne cherche nullement à idéaliser ces régimes politiques. Mais la lourde responsabilité des puissances impérialistes occidentales, et plus particulièrement les États-Unis, ne peut être éludée. En effet la course aux armements qui fût imposée à l’URSS par les faucons de l’impérialisme américain, tout au long de la guerre froide, constitua une entrave sérieuse au développement économique et l’amélioration des conditions matérielles du peuple. Les pressions de l’impérialisme constituèrent un obstacle majeur au développement de la démocratie socialiste, les dirigeants se sentant constamment assiégés et menacés. Il ne s’agit pas de justifier toutes les violations de la légalité socialiste, mais plutôt de comprendre le contexte dans lequel évolua l’URSS jusqu’à son démantèlement en 1991.
Des reculs sociaux se produisirent aussi en Occident suite à la chute du mur de Berlin. Le camp socialiste représentait un contrepoids au capitalisme et à l’impérialisme. Les forces du marché se déchaînèrent en quelque sorte à partir du début des années 90 et firent reculer les acquis chèrement gagnés de la classe ouvrière. L’intellectuel de gauche américain Michael Parenti démontra avec justesse dans un de ses textes à quel point le « capitalisme à visage humain » fût relégué à l’histoire après la fin de la guerre froide (2). Les interventions militaires impérialistes se multiplièrent aussi, notamment lors de la guerre du Golfe, la guerre en Bosnie, au Kosovo, en Afghanistan, en Irak, etc. Dans les pays capitalistes avancés de l’Amérique du Nord et de l’Europe de l’Ouest c’est la course à l’austérité, à la déréglementation, à la privatisation, à la rigueur budgétaire en coupant dans les services publics et les programmes sociaux, etc. La virulente propagande anticommuniste distillée par les médias et les films hollywoodiens a affaibli sérieusement l’espoir d’une alternative politique dans une grande partie des masses ouvrières et populaires. Ce qui ne facilite pas bien sûr la tâche des organisations communistes qui doivent redoubler d’efforts pour contrer la désinformation et faire la promotion du socialisme en tant que seule alternative à la barbarie capitaliste.