30 Novembre 2018
Nous y sommes : 2018 est une des années les plus chaude de l'histoire récente de la planète. Le réchauffement climatique est à un niveau de +1 degré par rapport à l'ère préindustrielle, et les experts du climat dont les travaux sont recensés par le GIEC estiment maintenant qu'à ce rythme, il pourrait bien atteindre + 3 °C voir + 5 °C d'ici la fin de ce siècle.
+3 degré de plus ? : "Ce n'est pas si grave... la Bretagne sera plus agréable durant l'été, les vignes seront cultivées un peu plus au nord en France... ce n'est donc pas si catastrophique que cela" .
Ce jugement qu'on fait souvent est une grave erreur de perception...en effet lorsque l'on pose la question au public à combien de degrés de refroidissement correspond l'ère glaciaire dont les fameux glaciers recouvraient la moitié de l'Europe, les réponses sont très instructives... alors ? Combien de degrés nous sépare de cette époque ? - 10°C ? - 15°C ? - 20°C ? …. non …. en réalité, cela correspondait à un refroidissement global de la terre par rapport aux températures actuelles d'à peine - 2 à -3 degrés, pas plus.
Dit autrement : à +3 + 5 degrés de réchauffement, la Terre sera complètement méconnaissable. Ainsi pour un voyageur qui aurait séjourné dans l'espace 50 ans en hibernation : même depuis l'espace, il aurait du mal à reconnaître notre planète tant les couleurs et la végétation auront changés.
Cela donne la mesure de la transformation radicale que subira notre planète, qui s'en relèvera, elle, ce n'est pas le problème...quant à l'humanité, c'est une autre histoire. Ainsi l'Afrique, géant démographique de demain, et d'autre régions densément peuplées, seront en partie transformés en vaste désert, et les événements et catastrophes climatiques intenses beaucoup plus fréquents.
Cet ordre de grandeur en nombre de degrés de réchauffement, et la comparaison avec l'ère glaciaire gagneraient à être popularisés : on comprend tout de suite mieux l'étendue du désastre si on ne fait rien.
Et si on ajoute à cela le délai très court pour agir, il ne nous reste pas plus de quinze ans d'après Jean Jouzel, climatologue mondialement connu, on comprend qu'il ne faut plus se tromper de combat et utiliser toutes les techniques à notre disposition et déjà éprouvées pour décarbonner notre production énergie, aussi bien concernant l'électricité que la production de chaleur.
En pourtant, 15 ans, c'est court, et on ne peut pas demander aux scientifiques et aux ingénieurs à la fois de trouver un moyen révolutionnaire de stockage massif de l 'électricité et bon marché, condition pour avoir une part significative de production électrique par le solaire et l'éolien (voir l'Allemagne qui commence à prendre conscience de ce plafond technologique), et ensuite déployer à l'échelle industrielle cette hypothétique découverte par des prototypes (à supposer qu'on fasse cette découverte scientifique aujourd'hui).
Penser que par cette voie on pourra ne serait ce que réduire la part du nucléaire dans le monde, c'est au mieux méconnaitre les réalités scientifiques et industrielles, au pire, pécher par excès de dogmatisme en posant la « sortie du nucléaire » comme un préalable absurde vue la catastrophe en cours .
Cela rejoint le sens du dernier rapport du GIEC qui préconise à l'échelle mondiale d'augmenter le nombre de réacteurs, au coté bien-sur de mesures favorisant les énergies renouvelables, très efficaces dans la production de chaleur et non pas vraiment dans l'électricité, et les mesures d'efficacité énergétique (isolation des logements, économie circulaire, transport en commun, voiture propre etc).
Les pays avancés technologiquement ont le devoir ainsi de maintenir leur part de nucléaire et même de le développer, afin que d'autre puissent dans un premier temps utiliser des énergies plus conventionnelles en attendant de pouvoir à leur tour développer cette filière.
C'est en ce sens que la France s'engage dans la mauvaise voie en posant la réduction du nucléaire comme un postulat en contradiction flagrante avec les conclusions du GIEC.
Ne pas se tromper de combat et de calendrier. Entre le combat pour la « sortie du nucléaire » et le climat, il va falloir choisir...et le temps presse.