3 Décembre 2018
Monsieur le Président de la République,
Depuis des semaines, la grande majorité des Français, qu’ils portent un gilet jaune ou non, expriment leur colère suite à l’annonce de la hausse des taxes sur l’essence et le diesel. Cette nouvelle augmentation fiscale est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Ceux qui travaillent dans le privé comme dans le public ne supportent plus de ne pas pouvoir boucler leur fin de mois alors qu’ils travaillent 35 heures par semaine. Que dire de ceux qui travaillent à temps partiel ? Comment vivre dignement avec 1150 euros par mois, montant actuel du SMIC, quand toutes les factures augmentent : électricité, gaz, loyer, mutuelle, assurances, péage, cantine pour les enfants... ? Le travail ne paie pas ou plus !
Pourtant, dans nos usines, dans les entreprises du BTP, dans les hôpitaux, dans les EPHAD, dans de nombreux secteurs d’activité, les conditions de travail sont pénibles, difficiles. Et les salaires ne sont pas plus élevés.
Ceux qui ont travaillé durant 40, 42 ans et qui ont cotisé toute leur vie se retrouvent, eux, avec des pensions de misère ne permettant pas de profiter de cette période de la vie tant attendue. Ils n’ont jamais perdu autant de pouvoir d’achat ces dernières années. Certains ont même vu leur pension baisser avec la hausse de la CSG. Pour les plus âgés, leur mutuelle a fortement augmenté - 150 euros par mois en moyenne ! - et ils ont encore 30 à 50 euros par mois de dépenses de santé non remboursés ! Ils angoissent en imaginant leur séjour en EPHAD, dont les tarifs deviennent inaccessibles.
Cette colère, profonde et sincère, explose car cela fait des années qu’elle n’est pas entendue, que les salaires et les pensions n’évoluent pas favorablement alors que le coût de la vie ne cesse d' augmenter. Vous n’êtes pas comptable de toutes ces années durant lesquelles le pouvoir d'achat a baissé. Mais c’est vous qui êtes en responsabilité aujourd’hui.
Les gilets jaunes demandent à être entendus et respectés. Ils ne rejettent pas d’un revers de main les efforts à produire pour relever le défi climatique. Ils demandent juste que ceux-ci soient équitablement partagés et ce n’est pas le cas aujourd’hui.
Peu à peu, ils s’organisent et ils ont récemment envoyé aux députés « Les directives du peuple », ci-jointes, pour que nous les transposions dans la loi. Il y a, dans ces 42 propositions, beaucoup d’idées que notre pays s’honorerait à mettre en œuvre pour répondre aux attentes légitimes de la grande majorité de nos concitoyens.
En écho à celles-ci, nous vous demandons de suspendre les hausses de taxes sur l’essence et le diesel et d’ouvrir rapidement le débat au Parlement sur ces propositions afin de les inscrire dans la loi rapidement.
Des échéances arrivent vite, telles que les fêtes de fin d’année. C’est aussi la date légale pour augmenter significativement le SMIC. L’année 2019 est effectivement celle qui pourrait permettre cette augmentation car le projet de loi de finances pour 2019 a prévu de budgéter une aide publique exceptionnelle à travers le CICE qui sera doublé ! 40 milliards d’euros seront versés aux entreprises, qu’elles en aient besoin ou non. Il y a peut-être là les moyens d’accompagner les entreprises pour mettre en œuvre une hausse des salaires.
Voilà un signal fort que vous pourriez envoyer aux Français dans les jours qui viennent afin de retrouver les voies du dialogue et de l’apaisement.
Les parlementaires communistes et moi-même souhaiterions vous rencontrer afin d’en discuter et de vous faire part de nos propositions en ce sens.
Dans l'attente d’une réponse positive, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l'expression de notre haute considération.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Député du Nord,
Paris, le 30 novembre 2018.