7 Janvier 2023
Un film - "Les tirailleurs" - sur les Sénégalais - et autres Africains - incorporés dans l'armée française, sort aujourd'hui sur nos écrans.
C'est le jour également où le gouvernement supprime la clause qui obligeait des anciens combattants africains à effectuer un séjour obligatoire de six mois par an en métropole pour toucher une misérable pension de 950 euros par mois.
Ce qui privait ces anciens combattants de retourner, au pays, dans leurs familles, condition qui les contraignait à vivre en France dans des foyers collectifs dans une promiscuité douteuse.
Des décennies de misère auxquelles le gouvernement vient enfin de mettre fin en supprimant la clause maudite.
Ces recrus africaines des guerres coloniales - il n'y a plus, avec le temps, de survivants de la Grande guerre - ont été envoyés au Vietnam, en Algérie combattre leurs frères en révolte, comme eux colonisés.
Mais comme leurs ainés des guerres précédentes, ces tirailleurs, pour l'essentiel, n'étaient pas volontaires, mais requis par les autorités coloniales pour servir de chair à canon, comblant les pertes immenses subies par les "poilus".
Ce sinistre rôle imposé aux soldats africains, enrôlés de force ou sous pression, n'a jamais eu de reconnaissance de la part des dirigeants français, qu'ils soient de droite, ou qu'ils se disent de gauche.
Seuls, les communistes français, en tant que force politique, ont pris fait et cause pour les victimes du colonialisme et les combats menés par les peuples dominés.
Au lendemain de la victoire sur l'Allemagne, déclarée "Victoire de la Liberté", les forces françaises de répression écrasaient dans le sang des manifestants algériens, qui avaient eu le tort de croire que cette liberté retrouvée les concernait.
Les massacres de Sétif, Guelma et Kheratta sont des répressions sanglantes qui ont suivi les manifestations nationalistes, indépendantistes et anti colonialistes survenues le 8 mai 1945, dans le département de Constantine.
Et ce fut, neuf ans plus tard, le début de la guerre d'Algérie...
De même à Madagascar, en 1947/48, où le peuple, pour son indépendance, s'était soulevé : les Malgaches en firent la sinistre expérience avec des massacrés par dizaine de milliers : le chef de l'état-major français évoque un bilan de 89 000 victimes, directes ou indirectes, de la répression. Neuf ans plus tard, le début de la guerre d'Algérie...
Et dans le reste de l'Afrique "française", ce sera la répression dans le sang de tous les mouvements indépendantistes, tel au Cameroun, et le pillage organisé des richesses africaines par la Françafrique !
Faut-il rappeler, pour revenir à nos tirailleurs, les victimes du massacre de Thiaroye au Sénégal ?
Il s’agit d’anciens prisonniers de guerre, des tirailleurs sénégalais, dont certains s’étaient évadés et avaient rejoint la Résistance FFI.
Quand ces hommes sont revenus sur leur terre natale, le Sénégal, ils sont confrontés à des officiers qui n’avaient pas l’habitude de voir des tirailleurs sénégalais demander leurs droits.
Les officiers ont organisé le massacre de ces soldats à la caserne de Thiaroye, au Sénégal.
Nous sommes déjà à Dakar en présence de mouvements de souveraineté et d’indépendance.
Mais de tous ces crimes d'État, qui en parle encore aujourd’hui ?
Et autorisent-ils cette France-là à s'ériger en donneurs de leçons de démocratie aux autres nations, comme on le voit aujourd'hui ?