21 Septembre 2023
6 septembre 2023. Pour la 17ème année consécutive, IPSOS et le Secours Populaire publient leur baromètre de la pauvreté et de la précarité en France. Et les constats font froid dans le dos. En 2023, près d’un Français sur cinq (18%) déclare vivre à découvert, et 45% d’entre eux éprouver des difficultés dans le remboursement de certains actes médicaux.
Avec gravité, l’association et l’institut de sondage évoquent des « privations [qui] atteignent un niveau record en France », et dressent pour 2023 le portrait d’une situation qui empire, « après une année 2022 déjà marquée par une forte dégradation sociale ».
Dans la France de Macron, année après année, les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. Pourtant, sur les plateaux de télévision, vous n’entendrez parler que de l’abaya, et Bruno Le Maire continuera, toute honte bue, à « récuse(r) cette idée qu’il y a un appauvrissement de la société française ». Notre article.
Les données récoltées par IPSOS et le Secours Populaire sont édifiantes. Qu’importent les domaines de dépenses, le témoignage des Français pour le baromètre de la pauvreté et de la précarité fait non seulement état de conditions de vie indignes au sein de la 7ème puissance économique mondiale, mais de leur aggravation d’année en année.
De manière générale, l’enquête révèle que près d’un Français sur cinq (18% ; +3% par rapport à 2022) déclare vivre à découvert, alors que le rapport monte jusqu’à 25% pour les employés, et 31% pour les ouvriers. 60% des Français déclarent par ailleurs que leur pouvoir d’achat a baissé au cours de ces 3 dernières années, alors que plus de la moitié (53%) ne parvient pas à mettre d’argent de côté.
Plus précisément, au rang des dépenses alimentaires, le baromètre relève 32% de Français déclarant ne pas toujours pouvoir se procurer une alimentation saine pour manger 3 repas jours, une proportion qui monte à 57% (+10) chez les ménages au revenu net mensuel inférieur à 1200€. Ils sont aussi plus d’un sur trois (35%) à ne même pas pouvoir manger trois fois par jour, et 36% à se priver régulièrement pour que leurs enfants mangent à leur faim. Entre décembre 2021 et avril 2023, la consommation alimentaire des Français a d’ailleurs chuté de près de 13%.
Les Français soulignent aussi pour 45% d’entre eux (+6) éprouver des difficultés dans le remboursement des actes médicaux, une proportion qui monte à 63% (+10) chez les ménages au revenu net mensuel inférieur à 1200€.
45% (+4), c’est aussi la proportion de Français déclarant que les factures d’électricité et de chauffage se sont révélées trop lourdes, alors même que les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité n’avaient pas encore augmenté de 10% (baromètre réalisé au mois de juin), et que l’hiver n’était pas encore là.
On connaissait « Bruno demande » [aux grandes entreprises de faire des éventuellement gestes sur les salaires, sans jamais menacer de légiférer pour leur imposer une quelconque réglementation], voilà maintenant « Bruno récuse ». Ce mardi 7 septembre, les auditrices et auditeurs de FranceInfo ont été témoins d’une scène affligeante, quoique fréquente du côté du camp présidentiel. Celle d’un ministre de l’Économie hors-sol, au summum d’un déni de réalité.
Interrogé sur les difficultés rencontrées par les Restos du Cœur, Bruno Le Maire commence par se fendre d’une tirade aussi dithyrambique qu’hypocrite, sur l’importance des associations et de la solidarité individuelle : « La France tient parce qu’il y a des associations, parce qu’il y a des bénévoles, parce qu’il y a les Restos du Cœur, elle tient par ce qu’il y a de la générosité individuelle ». Il a raison. Quel dommage qu’il soit ministre de l’Économie depuis plus de 6 ans. Autrement, il aurait peut-être pu faire quelque chose pour lutter contre la pauvreté, ou à défaut, ne pas l’aggraver.
Mais subitement, après cette tirade qui reconnaît quasi-explicitement que la population française s’appauvrit, le ministre de l’Économie déclare sans sourciller : « Je récuse l’idée selon laquelle il y aurait un appauvrissement de la société française ». Né avant la honte.
Rappelons seulement une phrase du rapport du Secours Populaire : « Pour la 17e édition du Baromètre de la pauvreté et de la précarité, les privations atteignent un niveau record en France. »
Une fois encore, le « en même temps » macroniste vire à l’humiliation pour des Français toujours plus nombreux, toujours plus durement pris à la gorge par l’inflation et des salaires qui n’augmentent pas.
Se nourrir coûte aujourd’hui 25% plus cher qu’en janvier 2022. Le prix des fournitures scolaires explose (+11% par rapport à 2022) et ceux du carburant crèvent le plafond. Dans ces conditions de plus en plus intenables pour les Français, le baromètre IPSOS/Secours Populaire est salvateur pour mettre au grand jour l’indécence des tentatives de diversion du camp présidentiel.
Pour aller plus loin : Rentrée : ces 10 chiffres que Macron veut vous cacher
Car quoi que les soutiens du chef de l’État en disent, quelles que soient les excuses qu’ils se cherchent, c’est bel et bien Emmanuel Macron qui après deux ans comme ministre de l’Économie, préside le pays depuis plus de six ans. C’est bel et bien lui, Robin des bois du CAC40, qui prend toujours plus aux pauvres pour donner toujours plus aux riches.
Tandis que le camp présidentiel ne trouve plus comment plier le genou devant Bernard Arnault pour le remercier d’avoir donné 0,004% de sa fortune aux Restos du Cœur (le même Bernard Arnault épinglé par la Cour des Comptes pour avoir évité le paiement de 518 millions d’euros d’impôt), les ultra-riches se portent toujours aussi bien dans la France de Macron. En 2023, 25 000 millionnaires de plus vivent en France qu’en 2022, portant le total à près de 3 millions. C’est plus que tout autre pays européen. La politique de Macron, celle des assistés d’en haut, gave les plus riches et pille les plus pauvres.
Comment accepter à la fois cet amoncellement inouï de richesse, et l’aggravation dramatique de la pauvreté telle qu’exposée par le baromètre IPSOS/Secours Populaire ? Comment ne pas faire le lien entre les deux ? La France est devenue un paradis pour les plus riches et un enfer pour les plus pauvres.
Mais pendant que l’arnaque sociale que constitue le RN est démasquée, pendant que la Macronie s’enfonce dans ses obsessions néolibérales et inégalitaires, les solutions, elles, sont bel et bien sur la table.
SMIC à 1600€ net ; blocage des prix ; rétablissement de l’ISF ; réelle taxation des revenus du capital ; retraite à 60 ans… En voilà des propositions destinées à faire participer davantage ceux qui ont le plus, pour soulager les difficultés et souffrances de ceux qui ont le moins. En un mot, en voilà des propositions de justice sociale et environnementale, seul horizon politique qui vaille.