CENTRE DE SANTE PUBLIC :

par Pcf du Charolais (71)

Maison de santé pluridisciplinaire de Vergt

Des centres de santé publics indispensables !

La santé est devenue, selon des sondages récents, la seconde préoccupation des Français, derrière le pouvoir d’achat et devant le chômage et l’emploi. Face à la crise sociale d’accès aux soins (honoraires libres de plus en plus importants, secteur privé à l’hôpital public, déremboursement des médicaments, mutuelles de plus en plus chères et restrictives, fermetures incessantes de services hospitaliers…) s’ajoute une crise démographique. 

 

Une pénurie de médecins

 

Après de longues années de réduction drastique du nombre de médecins en formation par un numerus clausus limitant le nombre de médecins formés, nous sommes arrivés au moment où le nombre de médecins chute de façon catastrophique et la pénurie est là.

 

40 ans de numerus clausus ont détruit l’équilibre de notre système de santé, on a formé en moyenne 20% de médecins en moins chaque année, soit un déficit sur l’ensemble de la période de 70 000 médecinsAujourd’hui, pour 50 000 médecins de plus de 60 ans, il n’y a que 16 000 médecins de moins de 34 ans ! 

 

Et ce déficit de professionnels est 2,5 fois plus élevé, si on intègre la hausse de la population et son vieillissement. 

 

Depuis le début des années 1980, la population a augmenté de 20% et le nombre de plus de 60 ans a doublé comme celui des plus de 75 ans. Certes, il faut aussi réformer, démocratiser les études médicales, mieux répartir les spécialités et les effectifs, permettre l’évolution des pratiques des paramédicaux, réorganiser les soins primaires. Mais, sans volonté ferme réelle et concrétisée de former beaucoup, beaucoup plus, tout cela restera lettre morte.

 

Un grand plan de formation

 

Mettre en place un grand plan de formation est urgent et primordial, notamment en commençant à former avec les moyens nécessaires tout de suite 15 000 médecins et 1 900 chirurgiens-dentistes/an.

 

Pour cela, il faut aussi rendre à l’hôpital les moyens d’assurer le rôle formateur qui est le sien et cesser cette casse du service public, qui renvoie les assurés sociaux vers le secteur lucratif, ses dépassements d’honoraires. Cette sélection par l’argent, en matière de santé est injustifiable, sauf pour enrichir les actionnaires…

 

Aujourd’hui, 600 000 patients touchés par une maladie chronique n’ont plus de médecin traitant, pourtant indispensable à leur suivi. Au total, entre 6 et 7 millions d’assurés sociaux en sont dépourvus. Un récent rapport sénatorial établit que 1,6 millions de personnes renoncent à des soins et que 30% de la population vivent dans un désert médical.

 

Face à cette situation catastrophique, nous préconisons la mise en œuvre de centres de santé publics, de proximité dans tous les territoires. 

 

Des centres de santé publics indispensables

 

Ils ont été instaurés par une loi du 4 mars 2002. Une loi du 19 mai 2023 vise à améliorer leur encadrement. Ce texte rétablit l’agrément des ARS (Agences régionales de Santé) pour l’ouverture des centres de santé dentaires et ophtalmologiques ainsi que des centres orthoptistes. L’agrément sera délivré provisoirement et ne deviendra définitif qu’au bout d’un an, après si nécessaire une visite de conformité de l’ARS.

 

Les centres de santé doivent :

 

  • être des structures sanitaires de proximité avec activités de diagnostic, de soins de premier recours, sans hébergement au centre ou à domicile, aux tarifs conventionnels de la Sécurité sociale, ouverts à tous;
  • mener des actions de santé publique, prévention, éducation pour la santé;
  • pratiquer le tiers-payant et mener des actions sociales;
  • être créés et gérés par : organismes sans but lucratif (Associations, Mutuelles, Fondations), des collectivités territoriales et EPCI, des établissements de santé et médico-sociaux, des Sociétés coopératives d’Intérêt collectif (SCIC);
  • salarier tous leurs professionnels;
  • élaborer un projet de santé et un règlement de fonctionnement.

 

Les centres de santé peuvent être gérés par :

 

  • organismes à but non lucratif : Associations (39,5%), Mutuelles (34%), Assurance maladie (12,5%) Fondations, Croix Rouge… (5%);
  • collectivités territoriales, en forte croissance : Communes, EPCI, Départements (8%);
  • établissements de santé et médico-sociaux, quelques unités mais en développement;
  • Sociétés coopératives d’Intérêt collectif (SCIC).

 

Une évolution sociétale

 

Au regard du vieillissement de la population, l’essentiel de l’activité des médecins est concentré sur la prise en charge de patients de plus en plus âgés atteints de maladies chroniques. L’objectif n’est plus de guérir, mais de maintenir en meilleur état de santé possible le plus longtemps possible. Le généraliste est essentiel en tant que coordinateur du parcours de soins dans lequel des spécialistes multiples interviennent ponctuellement.

 

Le Centre de Santé, structure sanitaire de proximité, est ouvert à tout public et dispense des activités de prévention, de diagnostics et de soins. Le Centre de Santé contribue à la réduction des inégalités d’accès aux soins et à la santé. Le Centre de Santé pratique une large amplitude des horaires d’ouverture y compris le samedi matin et une gestion à but non lucratif.

 

Face à une nouvelle génération de médecins qui aspire à plus de liberté et une meilleure qualité de vie, la souplesse des contrats séduit déjà plusieurs profils : les internes, habitués aux remplacements et n’osant se lancer en libéral, les jeunes femmes (qui représentent aujourd’hui entre 60 et 70% des médecins diplômés), ainsi que des médecins retraités ou en fin de carrière à qui cela permet d’exercer de temps en temps, selon leurs disponibilités.

 

Les centres de santé municipaux et la territorialisation de la santé publique

 

Les centres municipaux de santé permettent aujourd’hui à la municipalité de développer une politique territorialisée de santé publique. Les centres municipaux de santé permettent à la collectivité d’agir doublement sur l’accès aux soins en favorisant l’accès territorial et financier aux soins.

 

Plus que l’amélioration de l’organisation des soins, ils permettent à la municipalité de mener des actions de prévention et d’éducation à la santé. Cependant, cette politique de santé facultative se trouve aujourd’hui sous la pression des restrictions budgétaires s’imposant aux collectivités territoriales. Dès lors, le choix de développement des centres municipaux de santé est constitutif d’une décision politique des exécutifs municipaux.
 

Une solution d’avenir

 

Les centres de santé pourraient s’inspirer notamment des dispensaires portés par la Sécurité sociale tels qu’ils ont existé au sein des caisses primaires. Mais ils pourraient aussi être rattachés à des hôpitaux, au mouvement mutualiste, à des collectivités. Ils permettraient aux médecins de travailler en équipe au sein des structures où ils seraient déchargés du travail administratif. Ils fonctionneraient en réseau avec les hôpitaux, les Ehpad, les Services de soins infirmiers à domicile (Siad)… pour garantir la permanence des soins.

 

Enfin, ces lieux de soins pourraient disposer de plateaux techniques, notamment en radiologie et en biologie, permettant à des personnels hospitaliers (spécialistes) d’y intervenir selon les besoins.

 

Il est urgent de sortir de la médecine libérale actuelle et d’exclure du domaine de la santé les activités marchandes. Aujourd’hui, on ne peut plus concevoir l’hôpital public et la médecine de ville comme deux entités indépendantes l’une de l’autre et ne se coordonnant pas, alors qu’elles sont au service de leur territoire et de la population.

 

Le principe d’intégration doit être le fondement de toute démarche de construction du système de santé de demain, intégration de la ville et de l’hôpital dans le cadre d’un service public de santé décliné territorialement. 

 

Ce maillage doit avoir pour socle, dans chaque territoire, les acteurs de santé publique : l’hôpital public d’une part, les centres de santé du service public pour la ville.

 

Claude Chavrot  Article publié dans le revue Plein Temps

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