30 Mars 2013
reconstitution de l'atterrissage de Jean MOULIN à MELAY. Visible à l'exposition ouverte jusqu'au 19 mai 2013 salle du pressoir à MELAY en face de la mairie (ça vaut le coup, excellente expo à ne manquer sous aucun prétexte...!)
L'atterrissage à Melay, le 19 Mars 1943, de Jean MOULIN, du Général Charles DELESTRAINT et de Christian PINEAU qui leur a permis de prendre place dans le Lysander qui le ramène en France, alors qu'ils attendaient à Londres d'être rapatriés, a donné lieu 70 ans après, à une commémoration le 19 Mars 2013, à l'emplacement de la stèle qui rappelle cet événement près de l'Ile des Bagneaux entre Loire et Canal. Jean MOULIN (Max) né en 1899 a 44 ans en 1943. Il est nommé Préfet d'Eure et Loire en 1939, les Allemands qui occupent Chartres exigent de lui qu'il signe un texte accusant des Tirailleurs sénégalais d'avoir commis des atrocités sur les populations civiles, en réalité victimes des mitraillages et bombardements des troupes nazies. Refusant de signer ce texte, violemment battu, et craignant de flancher, il tente de se suicider pour ne pas avoir à se déshonorer en se tranchant la gorge avec un débris de verre. Il en a gardé une cicatrice qu'il cachera avec une écharpe. Ce premier acte de résistance a été relaté par Laure, la soeur de Jean MOULIN et évoqué lors de la commémoration. Au vu de ses opinions, il est révoqué en Novembre 1940 et s'installe dans sa maison familiale de St Andiol (Bouches du Rhône). Il rejoint Londres en Septembre 1941 où il rencontre de GAULLE qui le charge d'unifier les mouvements de résistance. Il prend alors le pseudonyme de "Rex" et fonde en Novembre 1942 le Comité de coordination de Zone Sud associant pour la première fois la résistance communiste avec les trois mouvements principaux de résistance en zone occupée : Combat d'henri FFRENAY, Libération-Sud d'Emmanuel d'ASTIER de la VIGERIE et Francs Tireurs de Jean-Pierre LEVY. Ce comité donnera naissance au Mouvements Unis de Résistance (MUR) en Janvier 1943. Jean MOULIN sera arrêté par la Gestapo le 21 Juin 1943 à Caluire trois moi après son atterrissage à Melay et un mois après la création du CNR, Jean MOULIN dénoncé est arrêté à Caluire. Après avoir été torturé pendant plusieurs jours par Klaus BARBIE, il décède le 8 Juillet 1943 pendant son transfert en Allemagne sans avoir rien dit à ses tortionnaires... Charles DELESTRAINT (Vidal) né en 1879, a 64 ans en 1943. Général placé dans le cadre de réserve en 1939 pour cause de limite d'âge, il est rappelé dans le cadre d'active en Septembre 1939. Il commande les chars de combat de la VIIème Armée et couvre le repli de deux armés en Juin 1940. Refusant la défaite et l'armistice, retiré à Bourg en Bresse, il n'a pas voulu adhérer à un mouvement de résistance mais a usé de son influence pour créer un "climat" gaulliste auprès de ses subordonnés. Ceux-ci pourraient devenir des cadres de l'Armée secrète ce à quoi au début, Henri FRENAY (Nef) du mouvement "Combat" s'oppose vigoureusement... En Août 1942, après avis d'Henri FRESNAY, sur proposition de Jean MOULIN, le Général de GAULLE choisit DELESTRAINT pour organiser l'armée secrète (AS) qui regroupe trois mouvements de la résistance en zone-sud non occupée : Combat, Libération et Franc Tireur. Il travaille ensuite en collaboration avec jean MOULIN pour élargir cette armée à la zone Nord. Le Général DELESTRAINT est arrêté à paris par un agent de l'Abwehr, les services de renseignements allemands, le 9 juin 1943, moins de trois mois après son atterrissage à MELAY. Il décèdera à Dachau le 19 Avril 1945 quelques jours avant la libération du camp...
Christian PINEAU né en 1904 a 39 ans en 1943. Il est l'un des fondateurs du mouvement Libération Nord, membre du comité d'action socialiste, il impulse la Résistance au sein de la SFIO, se rallie au Général de Gaulle en 1942 et fonde le réseau Phalanx, au service du Bureau Central de Renseignements et d'Action (BCRA), crée en Juillet 1940 par de GAULLE. De retour à Londres en Janvier 1943, il contribue à l'unification des mouvements de résistance. Il est lui aussi arrêté à Lyon par la Gestapo le 3 Mai1946, un mois et demi après son atterrissage à Melay. Déporté à Buchenwald, il est libéré en Avril 1945. Christian PINEAUrencontrera Jean MOULIN à la prison de Fresnes quand les résistants arrêtés à Caluire seront transférés à Paris. Le Conseil National de la Résistance (CNR) Résistance le 17 Avril 1943, sont signés les accords de Perreux, du nom d'une commune de le région parisienne où en pleine clandestinité se retrouvent quatre syndicalistes Robert BOTHEREAU et Louis SAILLANT, André RAYNAUD et André TOLLET pour réunifier la CGT des réformistes de la CGTU unitaires des révolutionnaires. Les nécessités de la lutte syndicale commune contre le STO et la Charte du travail de Vichy ont favorisé ce processus de réunification. Léon JOUHAUX en est le secrétaire général, Benoît FRACHON est membre du bureau confédéral. C'est le premier acte qui mènera à l'unification de la Résistance et à la réunion du Conseil National de la Résistance. En Février 1943, Jean MOULIN retourne à Londres rendre compte de sa mission au Général de Gaulle qui le nomme ministre, membre du Comité National Français, seul représentant de ce comité en métropole. Chargé de créer le Conseil National de la Résistance, son retour en France s'effectue avec l'atterrissage de Melay le 19 Mars 1943.
Visible sur une étagère de l'expo le "PROGRAMME DU CONSEIL NATIONAL de la RESISTANCE"
Réuni pour la première fois le 27 Mai 1943, rue du Four dans le 6ème arrondissement de Paris, le Conseil National de la Résistance (CNR) regroupe entre autre Jean MOULIN, les deux secrétaires Pierre MEUNIER et Robert CHAMBEIRON. Président de l'Association National des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) jusqu'en 2010. Des représentants : de huit mouvements de résistance : - Libération Nord et Sud (Charles LAURENT- Henri RIBIERE - Emmanuel d'Astier de la VIGERIE- Pascal COPEAU- Hervé PIERRE)
-Front National de Lutte pour l'Indépendance de la France (Pierre VILLON, fils d'un rabbin alsacien de son vrai nom Roger GINSBURGER) - Combat ( Claude BOURDET - Marcel DEGLIAME) - Franc Tireur (Antoine AVININ - Eugène CLAUDIUS PETIT - Jean Pierre LEVY) - Organisation Civile et Militaire (Maxime BLOCQ MASCART -Jacques HENRI SIMON) - Ceux de la Résistance (Jacques LECOMPTE- BOINET) - Ceux de la libération (Roger COQUOIN- Andreé MUTTER) - de deux grandes confédération syndicales d'avant-guerre: - la CGT (Louis SAILLANT qui remplacera Georges BIDAULT- Benoît FRACHON) - la CFTC ( Gaston TESSIER) de six principaux partis politiques d'avant guerre: - PCF ( André MERCIER - Auguste GILLOT) - SFIO (André LE TROQUIER- Daniel MAYER) - Parti radical socialiste (Marc RUCART - Paul BASTID) - Parti démocrate Populaire (Georges BIDAULT qui démissionnera en 1944 - André COLIN) - Alliance Démocratique - Droite modérée et laïque ( Joseph LANIEL) - Fédération Républicaine - Droite conservatrice catholique (Jacques DEBU-BRIDEL). Un bureau exécutif de cinq membres dirigé par Alexandre PARODI, Délégué général et Georges BIDAULT, nouveau Président qui remplace Jean MOULIN charge un Comité général d'étude de prendre la suite du comité d'experts pour préparer une plate-forme politique pour la France d'après la libération. La création du CNR aura une importance politique considérable. Adopté le 15 Mars 1944, après plusieurs va et vient entre le CNR et le gouvernement de la France libre à Londres et Alger, à la fin de la guerre, en 1946, c'est la et l'application de son programme qui est à l'ordre du jour. Un système de Sécurité Sociale est mis en place par le ministre communiste Ambroise CROIZAT, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours, l'instauration d'une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économique et sociale, impliquant l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie avec le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, la nationalisation de l'énergie des ressources du sous-sol, des compagnies d'assurances, des grandes banques. C'est aussi le statut général de la fonction publique, le rétablissement de la semaine de 40 heures, la reconnaissance du Droit syndical, l'égalité des sexes à l'entreprise, la défense de la liberté de la Presse, de son honneur et son indépendance à l'égard de l'Etat, des puissances financières et des influences étrangères avec l'application des Ordonnances du 26 Août 1944. Le plan LANGEVIN - WALLON pour l'éducation, donne la possibilité effective à tous les enfants de bénéficier de l'instruction la plus développée avec la scolarité gratuite obligatoire jusqu'à 16 ans, la création du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), celle du Commisariat à l'Energie atomique (CEA) à des fins pacifistes.
Le Programme du CNR contient une grande partie des conquêtes sociales de la seconde moitié du xxème siècle, il propose pour la france libérée un ensemble de principes et de valeurs sur lesquelles repose la démocratie de notre pays...
La stèle Jean MOULIN à MELAY